FIGAROVOX/TRIBUNE – Si les JO ont montré un héritage magnifié, une propreté renouvelée et une sécurité renforcée, il est peu probable que l’équipe parisienne change durablement de politique, s’inquiètent les conseillers LR de Paris et d’Île-de-France, Francis Szpiner et Olivier Blond.
Francis Szpiner est sénateur LR de Paris et président du groupe Demain Paris au conseil de Paris. Olivier Blond est conseiller régional LR d’Île-de-France, délégué spécial à la santé environnementale et à la lutte contre la pollution de l’air, et président de l’association Bruitparif.
Alors que la parenthèse enchantée des Jeux olympiques touche à sa fin, et que le succès de l’événement ne se dément pas, tout le monde tente de s’en attribuer le mérite. Mais ce succès est – paradoxalement – un désaveu de la politique menée par la mairie de Paris sur plusieurs points fondamentaux.
Car le succès des Jeux olympiques repose – outre les performances de nos athlètes et l’enthousiasme de nos concitoyens – sur le quatuor patrimoine, sécurité, propreté et efficacité. C’est exactement ce qui manque à Paris depuis trop d’années, et ce que réclament à la mairie l’opposition de droite ou des mouvements citoyens comme Saccage Paris.
Depuis trop longtemps, l’équipe d’Anne Hidalgo balaye ces critiques au motif qu’elles sont infondées ou – argument ultime – qu’elles émanent de l’extrême droite. Il s’agit au contraire d’une revendication normale et presque unanimement partagée par les sportifs et visiteurs du monde entier venus dans notre capitale cet été.
Commençons par le patrimoine. Ces dernières années, la mairie de Paris s’est illustrée par une série d’aménagements esthétiques minimalistes, déconstruisant le patrimoine historique de la ville, qu’il s’agisse des fontaines Wallace remplacées par des canalisations disgracieuses ou des bancs Davioud remplacés par des troncs d’arbres mal taillés.
Il a fallu la triple supervision de l’État, de la région et du COJO pour obtenir cette propreté essentielle que tout le monde demandait depuis des années.
Francis Szpiner et Olivier Blond
Mais qu’est-ce qui rendait ces Jeux olympiques si particuliers ? Pourquoi fascinaient-ils les touristes étrangers et que photographiaient-ils ? Ce n’étaient évidemment pas des toilettes publiques roses ou des palettes de chantier entassées ça et là, mais le patrimoine architectural unique, héritier des siècles passés, qui magnifiait les compétitions sportives, avec des images qui resteront, comme les vélos suspendus devant l’obélisque de la Concorde, les épreuves au pied de la tour Eiffel, ou l’arrivée somptueuse des marathoniens dans la cour des Invalides.
La place Notre-Dame est menacée, les pavés de la place de la Concorde sont abîmés, les jardins publics historiques sont abandonnés, la place de la République se dégrade… Les sévices subis par notre capitale sont régulièrement mis en avant par l’opposition parisienne. Les Jeux olympiques ont montré que ce patrimoine devait être protégé car c’est lui qui a créé la beauté incomparable de notre ville.
Ensuite, la propreté. Pendant les Jeux Olympiques, les équipes de propreté de Paris ont fait un travail remarquablement plus efficace que d’habitude, et ont, de manière surprenante, fait mentir la triste réputation de la ville : celle d’être sale. Mais là encore, c’est une parenthèse enchantée que notre ville a vécue, alors que chaque Parisien peut citer des exemples de détritus, de présence de rats ou de dégradations en tout genre qui ont souillé notre ville. Il a fallu attendre la triple tutelle de l’État, de la région et du COJO pour obtenir cette indispensable propreté que tout le monde réclamait depuis des années.
En matière de sécurité, le constat est le même. Les magnifiques images de Parisiens et de touristes dansant avec la police, les nombreuses anecdotes réjouissantes de cette relation renouvelée entre forces de l’ordre et citoyens rappellent combien policiers, gendarmes et militaires jouent un rôle essentiel et peuvent être appréciés – loin de la vulgate « anti-flic » de certains alliés de la mairie au sein du Nouveau Front Populaire. Très clairement, la présence policière a apporté une sécurité que tout le monde réclamait et qui risque de disparaître, quand des quartiers entiers sont rendus aux toxicomanes comme dans la « colline du crack ». La situation a été réglée par la préfecture plus que par la mairie. Mais que se passera-t-il demain ?
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Enfin, l’efficacité. Il n’est pas besoin de rappeler la mauvaise gestion financière de la mairie, son endettement croissant et sa gabegie qui a conduit à une augmentation vertigineuse des impôts. L’affaire est entendue. Mais il est un point supplémentaire que nous voudrions rappeler. Celui de la densité. Tous les Parisiens qui ont séjourné à Paris, et tous les visiteurs qui sont venus cet été ont pu apprécier une foule agréable, mais pas trop dense, y compris dans les transports. Le luxe, c’est l’espace. C’est vrai aussi dans une ville comme Paris. Il faut éviter les zones de surdensité. Et pourtant, la mairie multiplie les projets de logements compacts.
La densité est souvent un argument utilisé par les écologistes pour réduire l’impact urbain. Mais visiblement, nous avons atteint un maximum. Rappelons que Paris est la capitale la plus dense d’Europe, avec des densités dépassant les 20 000 habitants au km², ce qui est proche des villes asiatiques entre Bombay et Shanghai. Tandis que Berlin en compte 3 800 et Londres 5 500 habitants au km². Les calculs clientélistes – installer des électeurs dévoués – ne doivent pas être tolérés lorsqu’ils se font au détriment du bien-être des citoyens.
Alors que le Covid a fondamentalement transformé notre ville, avec un essor sans précédent du télétravail et du vélo, l’intermède enchanté des Jeux olympiques pourrait marquer une étape de changement salutaire pour notre capitale. Malheureusement, il est peu probable que l’équipe parisienne actuelle veuille entendre ce message puisqu’elle fait exactement l’inverse depuis des années. Pourtant, il faut en finir avec la laideur, la saleté et l’insécurité. Et les Jeux olympiques ont montré que c’était possible.