Estimée à 0,2% au premier trimestre, la croissance est légèrement meilleure que prévu, selon l’Insee
La consommation des ménages a tiré l’activité au cours des trois premiers mois de l’année, selon les statisticiens nationaux. « La stratégie du gouvernement porte ses fruits », a déclaré Bruno Le Maire.
L’étape pour atteindre 1% de croissance en 2024 est-elle trop élevée ? Si l’exécutif refuse pour l’instant de modifier cette prévision, une nouvelle publication de l’Insee, ce mardi matin, rappelle que cet objectif sera difficile à atteindre, mais pas impossible. Selon les experts, sur les trois premiers mois de l’année, la croissance a été légèrement meilleure que prévu, atteignant 0,2%. De quoi porter les acquis de croissance pour 2024 à 0,5%… Et permettre à Bruno Le Maire de mettre en avant le succès de « la stratégie du gouvernement ».
Dans le détail, l’activité a bénéficié, d’une part, de la consommation des ménages en alimentation, énergie et services, ainsi que d’un rebond de l’investissement des entreprises, d’autre part. « A l’inverse, la contribution du commerce extérieur à la croissance diminue et est nulle au premier trimestre »ajoute la note de l’Insee : les importations ont légèrement augmenté, tout comme les exportations, plus franchement.
Pour rappel, dans leur dernière note économique au titre euphémique – « La reprise se fait attendre depuis longtemps » – en mars, les statisticiens nationaux, pessimistes, disaient tabler sur une croissance nulle sur les trois premiers mois de l’année. « Les premières données disponibles pour janvier 2024 (notamment la production industrielle et la consommation des ménages) sont (…) mal orientées et la croissance serait nulle au premier trimestre, pénalisée par des arrêts ponctuels dans l’industrie, notamment dans le raffinage et l’automobile », ont-ils précisé. Et ce, avant un léger rebond au deuxième trimestre, à 0,3%.
De leur côté, les autres institutions se sont montrées également plutôt prudentes, tablant sur une croissance médiocre au premier trimestre et un rythme inférieur aux prévisions du gouvernement pour l’ensemble de l’année. Le mois dernier, la Banque de France misait sur 0,2% de croissance sur trois mois, et 0,8% sur un an, quand l’OFCE parlait même de 0,1% au premier trimestre et «0,5% en moyenne annuelle en 2024». Une estimation revue à la baisse, une fois prises en compte les dernières coupes budgétaires annoncées par le gouvernement, d’une part, et le ralentissement de la consommation, d’autre part, expliquent les auteurs. Le FMI tablait de son côté sur une croissance française de 0,7% cette année, un taux inférieur à la moyenne des Etats-Unis, de l’Espagne et de l’Union européenne, mais également supérieur à celui de l’Allemagne. qu’au Royaume-Uni.
Bercy maintient son cap
Coincé entre sa promesse de remettre les comptes sur les rails en ramenant le déficit en dessous de 3% du PIB, d’une part, et sa volonté de défendre la croissance et l’investissement, d’autre part, l’exécutif se retrouve sur une ligne de crête de plus en plus étroite. Et ce, sous le regard des agences de notation et de l’Union européenne, qui souhaite voir Paris respecter ses engagements. Les milliards d’économies annoncés récemment par le gouvernement risquent « perturber la croissance »rendant l’équation d’autant plus difficile à résoudre, a relevé lundi le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. « Soit vous avez de la croissance, et vous n’avez pas 3%, soit vous avez 3%, et vous n’avez pas de croissance, et vous devrez faire encore plus d’économies » à l’avenir, a-t-il résumé.
Mais pour l’heure, Bercy campe sur ses positions et maintient le cap, privilégiant l’activité à toute hausse d’impôts. « Nous maintiendrons notre stratégie basée sur la croissance et le plein emploi, les réformes structurelles et la réduction des dépenses publiques », a réaffirmé Bruno Le Maire vendredi dernier. Tout porte à croire que le chiffre de mardi matin, légèrement meilleur que prévu, devrait rassurer le ministre dans ses positions. « Les faits sont têtus. La croissance française progresse. C’est un nouveau signe qui reflète la solidité de notre économie. La stratégie du gouvernement porte ses fruits.»» s’est immédiatement félicité le patron de Bercy, après la publication des chiffres de l’Insee.