La tension du président américain sous pression des marchés financiers rappelle celle du Premier ministre éphémère britannique. À moins que la comparaison ne soit plus à chercher du côté de François Mitterrand.
Lorsque les marchés rattrapent la politique: la « pause de 90 jours » sur les tarifs des douanes décrétés hier par Donald Trump, seulement une semaine après l’avoir annoncé, se souvient d’un autre bascule en 2022: celui de Liz Truss, le Premier ministre éphémère britannique. Elle avait été élue sur des réductions d’impôt massives financées par le prêt. Personne, dans les milieux économiques, y croyait, mais quand elle était à Downing Street, elle a persévéré et la sanction a été immédiate: les marchés se sont effondrés, elle a rejeté son chancelier de l’échecteur, Kwasi Kwarteng, une idéologue du déclin fiscal, avant de se déménager sous la pression de son propre parti, après 44 jours à la tête du gouvernement.
Sommes-nous dans la même situation aux États-Unis? Hier, à la Maison Blanche, nous sommes sortis du vieil adage selon lequel « la meilleure défense est l’attaque ». Dans ce cas, contre les médias, a déclaré responsable de la débâcle financière. « Beaucoup d’entre vous ont clairement lu » The Art of the Deal « (le best-seller de son patron publié en 1987, note de la rédaction). Vous n’avez évidemment pas compris ce que le président Trump voulait faire », a déclaré la porte-parole Karoline Leavitt aux journalistes devant la « West Wing », juste après l’annonce de la « rupture » décréée par Trump. À côté de lui se tenait Scott Bessent, le secrétaire du Trésor, qui a été mis en avant, sans Howard Lutnick, secrétaire au commerce et architecte de la guerre tarifaire. Selon lui, le pneu de Trump, a décidé quatorze heures après la mise en œuvre effective des tarifs des douanes annoncés la semaine dernière, n’aurait rien à voir avec la Bérésina Boursière. Ce serait juste une « tactique de négociation maximale » avec des pays prêts à discuter. « C’était sa stratégie depuis le début », a-t-il osé.
Trump est plus fort que la fermeture
Contre la preuve: selon tous les économistes – et même Fox News, la chaîne proche du pouvoir -, Trump ne mettait de l’eau que dans son vin en voyant les marchés obligataires s’effondrer (apparemment sous la pression du Japon qui commençait à vendre), ce qui suggérait une augmentation des taux d’intérêt à long terme qui auraient été spectaculaires pour l’économie (en particulier pour les petits entrepreneurs) et pour les propriétaires de financement de leur logement. Le krach boursier était susceptible d’avoir des conséquences électorales dévastatrices.
La soudaineté des événements rappelle donc la situation de la ferme britannique Liz. Mais politiquement, Trump est beaucoup plus fort qu’elle. Il a la majorité dans les deux chambres et à la Cour suprême, ce qui le rend invincible (pour le moment). Cette réalité institutionnelle américaine nous fait référence à une autre crise: celle vécue par François Mitterrand en 1983, qui a dû choisir entre le programme commun et la libération du Franc de la PME (système monétaire européen). Il a choisi la deuxième option, a opté pour la rigueur et est resté au pouvoir jusqu’en 1995.