Divertissement

Eric Clapton pétillant à Paris

NOUS Y ÉTIONS – Le guitariste britannique a donné dimanche soir le premier concert de sa tournée française à l’Accor Arena.

« Cela fait dix ans que nous ne sommes pas venus, c’est ridicule. Je promets que je serai de retour dans peu de temps. Le très silencieux Eric Clapton a pris la peine de parler pour ses retrouvailles avec le public parisien, attendues depuis 2010. À l’exception d’un concert privé en 2018, le guitar hero n’avait plus mis les pieds sur le sol français depuis son apparition avec Steve Winwood, dans la même pièce. Entouré d’un groupe de vétérans – Chris Stainton accompagne Clapton depuis 1979 et le bassiste Nathan East depuis 1984 – le chanteur et guitariste a livré un concert bien au-delà de nos espérances. Même s’il a annoncé avoir arrêté les tournées depuis au moins 15 ans, le futur octogénaire – il a fêté ses 79 ans le 30 mars dernier – continue de s’amuser sur scène, soixante et un ans après avoir rejoint les Yardbirds.

Armé d’une Fender Stratocaster aux couleurs du drapeau palestinien, la rock star s’est présentée. Une manière d’accompagner le message de sa nouvelle chanson, Prière d’un enfant, dédié aux enfants victimes de la guerre actuelle, sorti en avril dernier. Peu connu pour son engagement politique, Eric Clapton n’abordera jamais le sujet durant la soirée. Costume bleu, chemise blanche, un intrigant jeu de clés en guise de collier, Clapton a fière allure. Dans la première partie du set, électrique, l’intensité monte progressivement. La relecture de Badge, qu’il enregistre en 1968 au sein de Cream, constitue le premier frisson de la soirée. Le son est puissant, la voix assurée et le groupe virtuose. Depuis le triomphe commercial de son album Débranché, en 1992, Clapton inclut une séquence acoustique. Dimanche, je l’ai vu chanter le rare Retour à la maison, qui raconte la joie de retrouver la famille après chaque tournée, Golden Ring, non joué depuis 1978, qui raconte le triangle amoureux formé par Clapton, George Harrison et Patti Boyd, qui a quitté cette dernière pour épouser la première. Et aussi le déchirant Larmes au paradisécrit après la disparition de son jeune fils.

Le retour à l’électricité verra Eric Clapton atteindre des sommets sur la pièce de bravoure que constitue Je dois m’améliorer dans peu de temps, un morceau funky qui rappelle à point nommé pourquoi il peut être considéré comme l’un des guitaristes rock les plus importants. Grosse distorsion, pédale wah-wah, Clapton déploie le « womantone » qui a constitué sa légende à la fin des années 60. On ne souligne jamais à quel point l’homme est aussi un bon compositeur et un chanteur remarquable. Cette chanson nous le rappelle avec force. Loin du best of conventionnel, la setlist de cette tournée multiplie les surprises, comme la ballade Sainte mère, écrit en 1986 en hommage à Richard Manuel, de The Band. C’est peut-être la première fois que le guitariste n’interprète pas ses tubes Layla, Soleil de ton amour Ou J’ai tiré sur le shériff. L’homme semble plus déterminé à plaire à ses admirateurs qu’à remplir un cahier des charges. De Carrefour a Avant de m’accuser En passant par Clé de l’autoroute Ou Petite dame de pique, Clapton joue et chante de nombreux standards du blues américain. Il fut, avec les Rolling Stones et quelques autres pionniers, l’importateur en Angleterre dans les années soixante. L’apothéose, et passage obligatoire du concert, sera une version inspirée de Cocaïne, standard de JJ Cale des années soixante-dix. Après un deuxième rendez-vous parisien le lundi 27 mai, Clapton sera à Lyon le 29 et à Nîmes le 31.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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