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EPR de Flamanville : « La filière nucléaire aurait bien tort de croire qu’elle sort de cette période noire », alerte l’association négaWaat


L’Autorité de sûreté nucléaire a donné lundi son feu vert à la production des premiers électrons du réacteur EPR de Flamanville.

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La centrale nucléaire de Flamanville (Manche), le 10 mai 2024. (PIERRE COQUELIN / RADIO FRANCE)

« L’industrie nucléaire aurait vraiment tort de croire qu’elle sort de cette période sombre avec le début de cette période », prévient ce lundi sur franceinfo Yves Marignac, porte-parole de l’association négaWatt. L’Autorité de sûreté nucléaire a donné son accord lundi 2 septembre à EDF pour la production des premiers électrons du réacteur EPR de Flamanville dont la construction a 12 ans de retard. L’EPR de Flamanville ne produira pas d’électricité avant au moins la fin de l’automne.

franceinfo : Est-ce que ça valait la peine d’attendre 12 ans ? ?

Yves Marignac :A partir du moment où ce réacteur est fini d’être construit, il est logique de le mettre en route. Je pense que c’est un soulagement aujourd’hui pour la filière nucléaire. Maintenant, on peut effectivement se poser plus largement la question de l’obsolescence de ce réacteur et de sa technologie. On sait que la filière nucléaire parle désormais davantage de réacteurs beaucoup plus petits, beaucoup plus flexibles, les fameux SMR, et que les énergies renouvelables se déploient partout dans le monde infiniment plus vite aujourd’hui que le nucléaire. La question se pose pour un réacteur dont il faut rappeler que le début de la conception remonte à 1989, c’est-à-dire il y a 35 ans.

La ministre démissionnaire, Agnès Pannier-Runacher, parle d’un « projet industriel sans égal » qui « témoigne de la maîtrise française du nucléaire ». Que vous inspire cette déclaration ? ?

Le maître mot est « contrôle ». Avec tant de retards et tant de difficultés de natures diverses accumulées tout au long du projet, il est encore difficile d’envisager sérieusement l’utilisation de ce terme. C’est en effet un soulagement pour l’industrie nucléaire d’arriver au bout de ce tunnel.

« Cela n’enlève rien au fait que cet EPR est une catastrophe industrielle compte tenu de son retard et de ses surcoûts énormes. EDF mettra beaucoup de temps à en absorber le coût. »

Yves Marignac, porte-parole de l’association négaWatt

à franceinfo

Cela n’enlève rien non plus aux difficultés structurelles du secteur, dont les difficultés du chantier de l’EPR ne sont qu’une manifestation. Le secteur nucléaire aurait vraiment tort de croire qu’il sort de cette période noire avec le début de cette période et que tout ira bien désormais. L’avenir nous le dira. Mais je suis assez inquiet de voir la profusion de projets et une sorte d’ivresse du secteur qui, aujourd’hui, envisage un avenir extrêmement positif et serein, ce qui va un peu à l’encontre à la fois de ces difficultés et des orientations globales au niveau mondial.

L’EPR démarre avec un capot qui devra être changé d’ici un an et demi. A-t-on dû attendre d’installer un nouveau capot avant de démarrer ? ?

Théoriquement, si EDF avait respecté la décision initiale de l’Autorité de sûreté nucléaire, qui remontait aux difficultés rencontrées pour fabriquer la cuve avec une concentration trop élevée de carbone dans son fond, le couvercle de remplacement aurait dû être prêt. Je n’ai pas d’informations précises sur l’état d’avancement de ce couvercle. Je pense que nous en sommes proches. Il aurait été judicieux d’attendre pour remplacer ce couvercle afin d’éviter de générer des déchets radioactifs, puisque ce couvercle sera irradié par la réaction en chaîne. Mais l’Autorité de sûreté nucléaire en a décidé autrement en accordant une dérogation.

francetvinfo

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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