épisode • 4/4 du podcast Les maitres du renseignement
Frappes ciblées, barrière de protection bardée de technologie et hacking ultra sophistiqué : l’armée et les services de renseignement israéliens maîtrisent toute la palette des opérations fantômes. Mieux encore, l’État hébreu est à l’avant-garde dans chacun de ces domaines, aidé par une industrie de la cybersécurité plus florissante que jamais. Sur les trois premiers mois de cette année, le secteur a attiré 620 millions de dollars d’investissements privés, un record absolu pour ces entreprises, dont le nombre a triplé entre 2011 et 2021. Au-delà des chiffres, l’excellence israélienne en matière de cyber s’explique par une symbiose relation entre recherche académique, innovation entrepreneuriale et formation militaire, une confusion des genres entre intérêts privés et intérêt public permettant aux entreprises israéliennes de développer les meilleurs logiciels d’espionnage. Depuis des années, la société israélienne NSO, éditrice du logiciel Pegasus, a signé des contrats avec au moins une quarantaine d’États étrangers – Mexique, Inde, Hongrie ou encore Arabie Saoudite. Des contrats souvent suivis de rapprochements politiques spectaculaires entre Tel-Aviv et les capitales concernées qui illustrent bien l’émergence d’une cyberdiplomatie israélienne aussi discrète qu’efficace. Jusqu’en juillet 2021 et l’écho mondial gagné par les révélations d’un consortium international de journalistes autour des atteintes aux libertés fondamentales permises par Pegasus.
Comment l’État israélien a-t-il progressivement réussi à construire l’un des complexes cyber-militaires les plus innovants au monde ? Quels bénéfices en a-t-elle retiré, tant sur le plan de sa sécurité intérieure que sur le plan diplomatique ? Comment a-t-il réajusté sa cyberdiplomatie après la publication de l’affaire Pegasus ? Et enfin, le massacre du 7 octobre remet-il en question la doctrine du renseignement israélien ?
Des États-Unis à l’Europe : le cyberespionnage israélien sous surveillance
Depuis le scandale Pegasus, la réglementation des logiciels espions est devenue une priorité politique des démocraties occidentales, ciblant en priorité les entreprises israéliennes. En février dernier, les Etats-Unis ont imposé des sanctions individuelles au PDG de l’un d’entre eux, tandis que la France et la Grande-Bretagne tentent de leur côté d’ouvrir un dialogue international sur le sujet. Quelle régulation mondiale commence à se dessiner, et comment l’État et les entreprises israéliennes réagissent-elles à ces initiatives ?
Références bibliographiques
Études françaises sur le renseignement et la cybersécurité (EFRC), n°2
Olivier Tesquet, État d’urgence technologiqueéd. Premier parallèle2021
Références sonores
« La cybersécurité d’Israël : la guerre invisible » – TBN Israël (2022)
« Pegasus, un espion dans votre poche » – Arté (2024)
« Israël : le cyber part en guerre » – Arté (2023)
« Comment Israël transforme ses soldats en entrepreneurs » – Originaux Bloomberg (2016)
« L’ancien chef de la cyberpolitique d’Israël sur la cyberguerre et l’abus des technologies de surveillance » – France 24 (2022)
« REGARDER : Biden fait une remarque lors du Sommet mondial pour la démocratie » – Washington Post (2023)
Références musicales
David Bowie – ‘ grand frère » (1974)