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Épargné par le RN, Michel Barnier échappe à sa première motion de censure à l’Assemblée nationale – Libération

Ce mardi 8 octobre, les députés ont rejeté la motion de censure portée par le Nouveau Front populaire, une semaine après la déclaration de politique générale du Premier ministre.

Même pas mal. Dans un hémicycle clairsemé, Michel Barnier a évité sans broncher sa première motion de censure, mardi 8 octobre. Seuls 197 députés ont voté pour le texte porté par le Nouveau Front populaire, loin des 289 voix requises pour faire tomber un gouvernement. Sans les 125 voix du RN, la mission était mathématiquement impossible. Au Palais-Bourbon, la coalition de gauche a voulu faire grève d’emblée après la déclaration de politique générale du Premier ministre, et faire front commun contre le « hold-up démocratique » ayant mené le Savoyard à Matignon, malgré les 6,5% de son parti aux dernières législatives. « Jamais, Monsieur le Premier ministre, vous n’auriez dû vous tenir devant moi et vous asseoir sur ces bancs avec un gouvernement qui n’aurait jamais dû non plus être nommé »débute à 17 heures le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.

De leur côté, les représentants de la coalition de gauche dénoncent un détournement sans précédent des urnes. « Le vote est le moyen de résolution pacifique des conflits. Si on lui enlève son caractère sacré, c’est tout l’édifice démocratique qui risque de s’effondrer.»poursuit le patron du PS. Si les députés du NFP insistent tant sur cet aspect démocratique, c’est parce qu’ils continuent de penser que le président de la République aurait dû leur confier les clés du pouvoir après leur courte avance au scrutin de juin. Face à l’expérimenté Premier ministre de 73 ans, la présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, remet alors Lucie Castets et ses 37 ressorts dans les débats. « Elle aurait dû aussi avoir le droit de construire son gouvernement, de rechercher des majorités et de faire des compromis »scande l’élu isérois.

« Je me sens bien parmi vous »

A l’estrade, Barnier manie l’ironie, à l’aise dans le bain parlementaire. « Je suis très heureux de vous revoir, je me sens bien parmi vous. » Taquin, il continue en évoquant un « motion de censure a priori »ce que la gauche lui avait promis lors de sa nomination. Devant les députés, le locataire de Matignon répète que son gouvernement est « minorité » et que personne n’a la majorité. Le sien, ajoute-t-il, est « moins relatif » que celui du Nouveau Front Populaire. « Mensonge ! » crie-t-on sur les bancs de gauche. Au fond, Barnier défend son programme d’économies drastiques : « La réalité qu’il faut dire aux Français, c’est qu’on dépense trop, qu’on dépense de l’argent qu’on n’a pas et qu’on emprunte à des taux bien loin de ceux de nos voisins européens. »

Son mantra « Dépensez moins, dépensez mieux » suscite des récriminations de la gauche. Avant le plan budgétaire, le locataire de Matignon répète ce qu’il a exprimé plus tôt dans la matinée, aux troupes macronistes échaudées par son ton un peu mordant : il préfère être « responsable » que « populaire ». A deux jours de la présentation du projet de loi de finances en Conseil des ministres, il assure également vouloir « co-construire » le budget. Avant de conclure, après dix minutes de discours, montrez en main : « Je demande simplement que le gouvernement soit jugé sur ses actions. »

Le PFN voulait aussi compter le nombre d’élus hors coalition qui soutiendraient la censure contre le Savoyard. Sacha Houlié, après avoir quitté le groupe Ensemble pour la République (EPR), n’a pas encore franchi le pas, malgré sa volonté de constituer un groupe social-démocrate à l’Assemblée. « On ne censure pas une intention, même mauvaise, c’est comme en droit pénal, il faut l’élément intentionnel et l’élément matériel »il explique à Libérer. Quatre députés Liot ont voté pour la motion ainsi qu’un député non-inscrit.

Sachant qu’il aura aussi besoin des voix du RN pour faire trébucher Barnier, le NFP a tenu à souligner que le Rassemblement national, en refusant de censurer le Premier ministre issu du parti Les Républicains, se retrouve, de fait, dans une forme de soutien. sans la participation du gouvernement. « L’extrême droite a décidé d’assumer avec vous la continuité du macronismetacle Olivier Faure à la barre. L’extrême droite est toujours du côté du capital contre le travail, tout comme la droite française préfère le soutien au RN plutôt que la moindre concession au progrès social.» À son tour, l’insoumise Clémence Guetté dénonce « ceux qui se posent en défenseurs du peuple »mais qui laissent un « cachet blanc » à Barnier.

« Bortélisation en quantités industrielles »

Pointée du doigt par la gauche, l’extrême droite a justifié pour l’instant son refus de censurer Michel Barnier. « Bloquer pour le plaisir de bloquer ne mènera qu’au chaos »» déclare le député RN Guillaume Bigot. Toutefois, les membres du parti présidé par Jordan Bardella et leurs alliés ciottistes n’excluent pas de renverser le gouvernement plus tard dans le mandat. En cas d’augmentation d’impôts ou « laxisme migratoire » par exemple, comme l’indique le député de l’Union des Droits pour la République (UDR) Charles Alloncle. Mais avant d’en arriver à un tel acte, le RN entend profiter de son influence sur l’action gouvernementale. « Nous ne censurons pas, car un tweet de Marine Le Pen suffit à faire changer la position du Premier ministre sur la désindexation des retraites »ironise Bigot avant de se tourner vers les rangs de la gauche et de dire : « Nos déclarations ont plus d’effet sur le gouvernement que votre rhétorique. »

Les wagons du bloc central ont pris sur eux de torpiller les arguments de la gauche, rappelant leur soutien, sous conditions, au gouvernement Barnier. « Les Français ne veulent pas de votre extrémisme ! décocher Laurent Wauquiez à l’attention du PFN. A la tribune, le député LR de la Haute-Loire convoque Georges Pompidou et le « coalition des opposés » qui l’a renversé en 1962. À l’image de cela « la passion de tout chambouler »le député LR de Haute-Loire s’y oppose judicieusement « l’esprit de responsabilité » de son camp. Le macroniste Pierre Cazeneuve charge le bateau, l’attaque « surenchère » et le « bordélisation en quantités industrielles » de LFI. Et frappe : « Vous vous êtes comportés comme des enfants gâtés, qui se plaignent aujourd’hui d’avoir raté l’occasion d’être utiles au pays. »

Cammile Bussière

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