ENTREVUE. Vincent Clerc-Ange Capuozzo, la rencontre : « Quand le Stade Toulousain vous appelle, vous en prenez plein les yeux » (2/3)

Alors que l’Italie et la France s’affronteront dimanche à Rome et dans quelques mois à la Coupe du monde, l’occasion était rêvée de réunir les deux anciens Grenoblois, percés en Pro D2 avant de rejoindre Toulouse. Ils parlent de leurs arrivées dans le club « rouge et noir », de leur acclimatation… Entretien croisé.
Que représentait le Stadium pour vous avant de signer ?
VC : Je n’y avais jamais pensé en fait. Je fais une année en Pro D2, ça se passe plutôt bien et j’ai dû prolonger. Ça n’arrive pas parce que (il s’arrête et sourit)… Eh bien, ça y est, ça traîne. L’agent que j’avais à l’époque m’a dit un jour : « C’est le Stade qui t’appelle. Vous en prenez plein les yeux. Je ne m’étais jamais projeté et n’avais jamais eu de contacts. Du jour au lendemain, on m’a dit : le Stade te veut. J’ai réfléchi un peu, appelé de droite à gauche, comme Ange d’ailleurs, demandant ce que je devais faire. Beaucoup ont dit que c’était à moi de le ressentir et de prendre la décision.
AC : Ce qui est bizarre, c’est que c’est un club qui fait rêver la majorité des joueurs et des enfants, mais c’est un des seuls clubs où je ne me suis pas dit : « je veux jouer là-bas », parce que je ne l’ai pas fait. je ne sais pas si j’avais le droit. C’est pas que ça fait peur mais c’est une institution, avec des mecs en place. En fait, quand j’ai eu ce contact, je n’étais pas préparé. Et ça impressionne parce qu’on arrive dans un club qui gagne.
VC : Quand le Stade vous appelle, c’est qu’il a un projet pour vous, il a besoin de votre profil. Je ne crois pas qu’il y ait une hiérarchie. Vous êtes inclus dans un groupe et vous pouvez être rassuré lorsque vous êtes contacté. Et concernant Ange, quand on est jeune comme lui, quand on a son profil, envie de toucher des balles, de performer et de monter d’un cran, la question ne se pose pas même si ça aurait été un bon choix de rester à Grenoble.
Et une fois dans l’institution, la perception change-t-elle ou renforce-t-elle l’idée que vous vous en faites de l’extérieur ?
AC : Honnêtement, c’est mieux parce que tu découvres des mecs qui sont des stars internationales et que le fait de pouvoir les côtoyer au quotidien fait que tu n’es pas du tout déçu du genre de personnes qu’ils sont, de la mentalité qu’il y a au sein de la club entre les joueurs, le staff, les supporters. L’environnement général est super sain et nous comprenons qu’il est impossible que cela ne fonctionne pas. Tout est calculé pour que ça aille dans le bon sens. Quand après cinq minutes de discussion avec le staff on m’a demandé où ma copine allait travailler, qui allait emménager avec moi, j’ai compris que je mettais les pieds dans un environnement très sain avec des gens qui veulent qu’on soit au mieux les conditions.
VC : Je cherchais ce que j’avais eu à Grenoble. Même si je n’ai fait qu’un an en Pro D2, je me suis entraîné pendant 10 ans là-bas. Je me suis dit que si j’y allais et que ça marchait, j’allais y rester très longtemps. Et c’est ce qui s’est passé. Il y a une stabilité dans ce club qui fait qu’on se sent vite chez soi quand on fait ses preuves car c’est important de s’intégrer. Et puis on se sent un truc de famille, qui bouge très peu. Quand on y est depuis des années, on a l’impression d’être dans un cocon. Un cocon qui vous tire toujours vers le haut car chaque année il y a une exigence sportive, individuelle, collective, qui fait qu’elle est toujours en demande de progrès et de briguer des titres.
Ange, la concurrence te nourrit-elle ?
Complètement. Je cherchais ça aussi et ce qui m’a surtout motivé à venir c’était de pouvoir côtoyer de grands joueurs pour progresser à l’entraînement, vraiment me challenger car quand on atteint un niveau qu’on ne connaît pas, on se met dans une peu de danger et nous ne sommes pas sûrs non plus que tout ira bien. J’étais dans cette logique de me dire que j’allais jouer avec des gars qui ont déjà fait leurs preuves et gagné au niveau international, en Top 14, en Coupe d’Europe. Je l’ai plutôt bien vécu dans le sens où il y a une concurrence qui est assez saine. On se défie vraiment fort pendant la semaine mais il y a très peu de « mauvais coups ». Nous nous relevons tous et nous en avons tous besoin. Même les gars qui sont en place aujourd’hui, ils ont besoin d’un nouveau gars pour les défier.
On imagine que la quête du premier titre est un moteur…
AC : Oui parce que pour une fois, chez les jeunes, je ne pouvais pas trop gagner car le Stadium de Romain Ntamack nous a beaucoup pris et Toulon de Carbonel aussi (rires). Par contre, demi-finales et finales, on a fait beaucoup ! Alors aujourd’hui j’ai vraiment hâte de découvrir à quoi ça ressemble, d’être la gagnante, d’être du côté de ceux qui prendront la photo finale.
VC : Je me souviens, j’étais fier de ramener le Bouclier à Grenoble car cela a compté dans ma carrière. C’était une fierté de le mettre à l’arrière de la voiture, de le montrer à des amis, au club, c’était super.