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ENTRETIEN. « J’évite Microsoft, Apple et je n’ai jamais possédé de smartphone » : pour le lanceur d’alerte, nous sommes tous espionnés par nos appareils connectés

l’essentiel
Sommes-nous espionnés par nos appareils connectés ? Thomas Le Bonniec, parrain de l’événement « Toulouse en Libertés » ce samedi 29 juin, est un lanceur d’alerte qui a dénoncé les dérives de l’assistance vocale lorsqu’il travaillait chez Apple.

Le samedi 29 juin, vous serez le sponsor de l’événement Toulouse en Libertés. En quoi consiste cette journée ?

Il est organisé par la Ligue des Droits de l’Homme. Cette fois, pour cette 14e édition, le sujet est « une société sous surveillance » avec tables rondes, experts et élus. On parlera sans doute des Jeux olympiques, qui autorisent la vidéosurveillance algorithmique, mais c’est un sujet beaucoup plus large qui touche aux libertés fondamentales, notamment le droit à la vie privée, l’assurance d’être protégé contre l’arbitraire de l’État et un droit bien plus large. un tas de discussions. Je pense que nous allons nous concentrer sur les liens entre la surveillance de masse commerciale et la surveillance de masse étatique et sur la manière dont les deux s’entrelacent.
Vous évoquez la vidéosurveillance algorithmique (VSA). Il s’agit d’un système qui consiste à utiliser des algorithmes d’intelligence artificielle pour analyser en temps réel les images capturées par les caméras afin de détecter des comportements ou des événements spécifiques.

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Son utilisation aux Jeux Olympiques sera-t-elle la première en France ?

Non, la vidéosurveillance algorithmique a déjà été testée à de multiples reprises, tant par la SNCF que par plusieurs agglomérations comme Deauville. Elle est de plus en plus sollicitée, notamment à Nice par Christian Estrosi. Heureusement, il en a été empêché, sinon il aurait fait cela à des mineurs. C’est absurde.

Selon vous, qu’est-ce qui reflète l’augmentation des demandes pour ce système ? Son utilisation est-elle justifiée ?

Absolument pas. Comment avons-nous fait jusqu’à présent ? C’est étrange d’imaginer qu’on ne peut pas s’en passer alors que jusqu’à présent, on s’en passait. En fait, c’est extrêmement dangereux. Il me semble qu’il y a eu des condamnations il n’y a pas si longtemps, parce que deux personnes avaient été identifiées à Sainte-Soline. Ce sont des outils de contrôle massif, des outils de répression totale et des instruments qui empêchent la vigilance et toute forme de désobéissance civile. C’est extrêmement dangereux, surtout dans le contexte actuel où l’on se retrouve avec des accusations qui n’ont aucun sens de terrorisme et qui sont envoyées à droite et à gauche.

Le recours massif à la vidéosurveillance algorithmique peut-il être synonyme de sécurité en France ?

Nous sommes déjà dans une société de surveillance d’une intensité dont nous n’avons aucune idée. Ce qui est effrayant, c’est qu’il n’y a pas de débat sur la question. Ceci est complètement ignoré par les médias ou par les politiques mal formés sur ces questions. Ils prononcent seulement le mot sécurité alors qu’en réalité, il n’y a aucune confirmation que la vidéosurveillance apporte réellement une sécurité supplémentaire. Il n’y a jusqu’à présent aucune corrélation entre les deux.

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Vous êtes conscient de cette surveillance constante, comment la vivez-vous ? Les habitudes ou les modes de consommation changent-ils ?

Complètement, j’évite Microsoft, Apple et toutes ces choses. Je n’ai jamais eu de smartphone. C’est aussi extrêmement compliqué de venir dire aux gens « il va falloir se battre individuellement ». Ce n’est pas une question de choix et de consommation individuelle. Car même si j’essaie d’être le plus « propre » possible, je n’arrive pas à y échapper. Si je suis à côté d’un iPhone par exemple, je sais que ma voix peut aussi être enregistrée via l’assistance vocale. Je le sais parce que c’est ce que je faisais lorsque je travaillais chez Apple. J’ai écouté des enregistrements de personnes parlant à leur assistant vocal. Nos données personnelles sont très loin de notre contrôle.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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