ENTRETIEN. Finale Top 14 Stade Toulousain-UBB : « Je ne vois pas qui peut battre Toulouse aujourd’hui ! » Guy Novès jette son regard sur le match
L’entraîneur emblématique des « rouge et noir » évoque les managers toulousains et bordelais, Yannick Bru et Ugo Mola, qu’il a connu comme joueurs, avant que le premier ne devienne son adjoint au sein du club haut-garonnais puis chez les Bleus.
Vous avez formé Yannick Bru et Ugo Mola, avez-vous détecté chez eux à l’époque cette envie d’être un jour entraîneur ?
Honnêtement non. Mais ils font tous les deux partie de ces joueurs qui ont un cerveau bien fait si je puis dire. J’entends par là qu’ils sont capables de réfléchir, de s’organiser, de tout faire pour arriver à un résultat en mettant en avant de bonnes idées. Ils ont chacun vécu un parcours très différent. Yannick, il ne voulait pas entraîner au début, il avait son affaire mais je l’ai approché et je l’ai mis en formation. Il aimait s’y frotter. Et force est de constater qu’il a réussi puisqu’il a remporté des titres avec le Stade, il a été six ans en équipe de France et même avec les Sharks en Afrique du Sud. Ugo, il s’est construit sur un chemin différent en accumulant beaucoup d’expériences dans différents clubs (Mazamet, Castres, Brive, Albi, NDLR), en rencontrant beaucoup de monde. Il a acquis de l’expérience dans ce parcours et une fois arrivé au Stade Toulousain, il lui a fallu deux ou trois ans pour prendre le rythme. Tous deux ont su s’entourer des bonnes personnes. Ugo Mola est dans un club très structuré avec des personnes elles-mêmes issues de la formation toulousaine comme Clément Poitrenaud, Jean Bouilhou ou Jérôme Cazalbou. Il est très bien entouré. Yannick Bru est bien entouré aussi mais il est dans un club qui part de plus loin, qui affiche de grandes ambitions. Avec son expérience, si on lui laisse du temps, il réussira à faire de l’UBB un grand club.
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Yannick Bru peut-il transposer la méthode Stade à Bordeaux ?
Yannick est un grand compétiteur, il ne vit que de son travail et de sa soif de gagner. Mais il part de plus loin car il est dans un club encore en construction. Il ne va rien inventer mais avec sa culture, avec ses expériences avec Toulouse, l’équipe de France et les Sharks, il va faire comprendre que gagner, c’est gagner des titres. C’est ça la culture toulousaine ! Tant qu’on n’a pas gagné de titre, il faut continuer. Et cela prend du temps. Le temps aussi de bien structurer le club car il devra travailler sur le recrutement, sur la formation, et être bien entouré et soutenu.
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Avec trois Boucliers de Brennus et deux Coupes d’Europe, Ugo Mola marche dans vos traces (1)…
Il suit mes traces mais il a encore du chemin à parcourir (sourire)… Je vous le dis, je suis impressionné par la formation des jeunes du Stade. J’accompagne régulièrement mes petits-enfants à l’entraînement et je constate le travail réalisé par les plus jeunes. De plus, les équipes de jeunes obtiennent également d’excellents résultats (2). Ugo Mola sait capitaliser sur cela, il augmente le potentiel du club, tout en procédant à un recrutement très intelligent. Ici, il n’y a que des internationaux pour remplacer les internationaux (…) J’ai visité récemment les nouvelles installations du club à l’invitation de Didier Lacroix et j’ai pu constater les avancées structurelles qui vont de pair avec les résultats. Pour en revenir à Ugo Mola, je suis très heureux pour lui, son staff et le club pour ce qu’ils accomplissent.
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Vous avez dit que tous deux savaient s’entourer des bonnes personnes. Est-ce aujourd’hui une condition sine qua non du succès ?
Bien sûr. Pour obtenir des résultats, il faut s’entourer des meilleurs. Je me souviens d’une phrase de l’ancien président du TFC, Olivier Sadran, qui disait : « Il ne faut pas avoir peur d’avoir les meilleurs autour de soi, même s’ils sont meilleurs que vous dans leur domaine. » Au Stade Toulousain, à tous les niveaux, du sportif à l’administratif, au sein du staff qui épaule Ugo Mola, il y a de belles compétences.
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Comment imaginez-vous l’issue de cette finale ?
Il y a une tendance qui fait que je ne vois pas qui peut battre Toulouse aujourd’hui. L’UBB a des arguments mais j’ai le sentiment que Bordeaux, en remportant la mi-temps, l’a fêté comme un titre, comme si l’objectif était atteint en étant en finale et que la saison était réussie. Yannick Bru va devoir transformer cet état d’esprit car il est issu d’une culture où, si on n’est pas champion, et bien c’est banal d’être en finale. C’est la différence avec Toulouse où Ugo Mola a pointé tout ce qui n’a pas fonctionné à la fin de la demi-finale, qui cherche à comprendre les raisons de rechercher un résultat identique mais avec un contenu différent. Au Stade Toulousain, on ne vise que le titre, on vous demande d’être champion. Il existe une culture de la victoire qui s’est forgée dans les années 80 et qui est devenue de plus en plus importante au fil des années. Une culture que possèdent Yannick Bru et Ugo Mola.
