Vous suggérez la décriminalisation de la consommation de cannabis. Dans le contexte actuel, n’avez-vous pas craint que cela ne passe pour une provocation?
«L’idée était de faire un inventaire de la politique que la France réalise depuis 30 ans dans la lutte contre le trafic de drogue. Ce que le Sénat a également fait grâce à une commission d’enquête contre le crime organisé. Après plus d’une centaine d’audiences et avons déménagé en Guyane, nous faisons notre rapport contenant plus de soixante recommandations. Tout d’abord, une observation: toutes les politiques menées n’ont jamais fonctionné et aujourd’hui, un français sur deux a déjà consommé du cannabis. Nous sommes en consommation de masse. La légalisation nous permettrait de sécher une grande partie du trafic tout en offrant la possibilité de soutenir les consommateurs en termes de santé publique. L’État investit environ un milliard d’euros contre le trafic tandis que le marché rapporte entre trois et quatre milliards d’euros. Vous devez sortir de cette impasse. »»
« Nous offrons un changement de paradigme en laissant des discours de sécurité »
Votre suggestion prend l’opposé des orientations du plan de lutte contre le crime dans les villes du ministère de l’Intérieur. Vous ne vous sentez pas coupable du consommateur, comme le souhaite Bruno Retailleau?
« Pas du tout, je pense que c’est une erreur, vous devez l’accompagner. Pourquoi, en termes de sécurité sociale ou du ministère de la Santé, un alcoolique ou un fumeur serait des personnes malades alors qu’un consommateur de drogue n’est qu’un délinquant vulgaire? C’est pourquoi Nous offrons un changement de paradigme lors de la sortie des discours de sécurité. La consommation de MDMA / Ecstasy a été multipliée par huit.
À Grenoble, c’est un trafic de cigarettes qui semble au cœur d’un cas de règlement des comptes à la Grenade. Cependant, il n’y a pas de pénurie de tabacs …
« Le prix du tabac pose un problème à l’égard d’autres pays européens et qu’il y aura toujours la traite, qu’ils concernent l’alcool, les armes, la traite des êtres humains … c’est pourquoi il semble vital de renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent, qui reste le Nerve of War.
« Il faut plus de moyens en matière de justice, de police, de gendarmerie et de douane »
Mais n’est-ce pas le jeune le plus exposé aux risques de consommation?
«La consommation entre les mineurs de notre pays n’a jamais été aussi faible. Mais il est vrai que les cannabinoïdes constituent un risque jusqu’à 21 ans, voire 25 ans sur la formation du cerveau. Tout cela, nous l’avons pris en considération. Les addictologues disent tous la même chose: il n’y a pas de dépendance au cannabis. L’impact sur les mineurs, il peut être évité, comme nous le faisons déjà avec le tabac et l’alcool en les interdisant avec l’achat. »»
Le report du trafic sur d’autres produits plus dangereux n’est-il pas encore une menace?
«C’est déjà le cas comme nous le voyons avec le PTC (péter votre crâne). Il n’a jamais été dit que la légalisation du cannabis était la solution, c’est l’une des solutions parmi les 60 propositions pour lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent. Il faut également plus de moyens en matière de justice, de police, de gendarmerie et de coutumes. Mais ne mélangez pas les sujets. Un consommateur de cannabis n’est pas un consommateur d’autres médicaments et il n’y a aucune preuve scientifique d’une spirale menant à d’autres produits narcotiques. »»