Entre Yassine Belattar et Emmanuel Macron, sept ans de relation sulfureuse et controversée
La présence inattendue du quadragénaire dans la délégation accompagnant le président au Maroc a fait de l’ombre à la centaine d’autres personnalités invitées.
Un invité surprise et une nouvelle polémique. En voyage d’État au Maroc depuis lundi, Emmanuel Macron s’est rendu à Rabat avec une importante délégation de plus de 120 invités. Parmi les ministres, les sportifs et les personnalités des milieux économiques et culturels, c’est sur la participation du sulfureux Yassine Belattar que l’attention s’est très vite portée. « Sa présence ne constitue en aucun cas une adhésion à ses idées.», esquive-t-on, gêné, à l’Élysée. En cause, l’histoire du Franco-Marocain, soupçonné de communautarisme par ses détracteurs, et condamné l’an dernier à quatre mois de prison pour menaces et mort.
Comédien, polémiste, animateur radio, voix des quartiers, Yassine Belattar est un personnage controversé et clivant. Présent dans le paysage médiatique depuis plus de dix ans, l’homme de 42 ans est connu pour ses clashs sur les réseaux sociaux et sur les plateaux de télévision. D’abord soutien de François Hollande, le natif des Yvelines s’est engagé dans la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron en 2017. Une fois à l’Élysée, le président de la République l’a nommé au Conseil présidentiel des villes, une instance créée pour « réfléchir aux politiques publiques pour les banlieues populaires ». A l’époque, l’animateur radio jouait aussi le rôle du maître de cérémonie lors de la présentation du projet présidentiel pour les banlieues. Présentation au cours de laquelle Emmanuel Macron a publiquement humilié Jean-Louis Borloo en enterrant sèchement le rapport sur les quartiers qu’il avait lui-même ordonné.
Un meeting à l’Élysée après le 7 octobre et juste avant la grande marche contre l’antisémitisme
Bien que considéré comme « proche » du chef de l’État, Yassine Belattar avait claqué la porte de l’institution élyséenne en 2019 après avoir tenu des propos menaçants envers Jean-Michel Blanquer. « Si j’étais lui, j’éviterais de mettre les pieds dans le 93», a-t-il déclaré après une sortie de l’ancien ministre de l’Éducation nationale jugeant que le voile islamique n’était pas « pas souhaitable » selon lui dans la société. Dans une lettre ouverte adressée au Président de la République, Yassine Belattar a justifié sa décision : « Je démissionne parce que je ne peux pas siéger dans une institution qui voit les humiliations que subissent les habitants des quartiers non pas pour le lieu d’où ils viennent mais pour ce qu’ils sont tout simplement. Je suis conscient que l’ambiance actuelle dans notre pays n’est pas liée à votre élection mais je suis déçu que certains ministres que vous avez choisis ne supportent même pas l’idée de voir une femme voilée sur le territoire..
Contrairement à ce qui semblait être le cas autrefois, cet épisode n’a clairement pas mis fin aux relations entre Yassine Belattar et Emmanuel Macron. En novembre 2023, le magazine L’Express a en effet révélé que deux des plus proches conseillers d’Emmanuel Macron l’avaient reçu à l’Élysée, afin de le consulter pour prendre le pouls des banlieues sur la situation du conflit israélo-palestinien. La réunion, convoquée quelques semaines seulement après les attentats terroristes du Hamas contre Israël le 7 octobre, a été volontairement organisée quelques jours avant la grande marche contre l’antisémitisme organisée à l’appel des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Manifestation à laquelle Emmanuel Macron a finalement décidé de ne pas participer, quitte à provoquer un malaise dans le cortège et même dans son propre camp.