entre Segonds et Lopez, l’Aviron Bayonnais a le choix du roi en ouverture
C’est un luxe. Peu de clubs de Top 14 peuvent se vanter de posséder deux numéros 10 d’envergure internationale. Bayonne, oui. Joris Segonds (27 ans, 1 sélection) est arrivé cet été au royaume de Camille Lopez (35 ans, 28 sélections). L’un a signé un bail longue durée (cinq ans), l’autre envisage de raccrocher les crampons dans huit mois. Dans leur quête de croissance, les dirigeants de l’Aviron ont souhaité doubler tous les postes. Et sortez de la « dépendance Lopez » : le club basque n’a jamais remporté un match de Top 14 sans lui depuis son arrivée en 2022. « Don Camillo » porte depuis deux ans les bleu et blanc, avec un temps de jeu stratosphérique, le plus élevé de tous les temps. le championnat la saison dernière. Il sera remplaçant au coup d’envoi ce samedi contre le Racing.
Joris Segonds connaît une troisième titularisation. Son quatrième en sept matches. « Il est sur une bonne dynamique, explique son manager Grégory Patat, et on voit que les entrées de Camille sont intéressantes. Son essai à Anoeta contre La Rochelle (37-7) le prouve, à peine cinq minutes après avoir foulé la pelouse. Il en a déjà inscrit deux cette saison. Le double de celui de ses deux dernières années. « Si au lieu de 26 matches, vous en jouez 18, vous êtes plus frais quand vous jouez, moins épuisé physiquement et mentalement », estime Lopez (6 matches, 3 titularisations). Et donc plus efficace. Sans perdre en ambition : « Je ne veux pas être le remplaçant de Joris toute l’année. Je ne vais pas céder ma place sinon, autant arrêter. Mais si on veut avancer d’un pas, il faut une rotation naturelle sans que le niveau de l’équipe change. C’est le plus important. »
Des concurrents, pas des rivaux
Ce n’était pas gagné. Sportivement comme dans la balance du vestiaire. Lopez est un leader du groupe. Segonds a découvert l’équipe de France cet été. Les deux buteurs ont fait des concessions sur leur temps de jeu. La compétition aurait pu se transformer en rivalité. C’est tout le contraire. Segonds ne veut pas être le premier. « Tout le monde m’en parlait avant de venir, sourit l’ancien joueur du Stade Français. Mais je suis venu apprendre de Camille. C’est un joueur que j’ai toujours apprécié. Pour le moment, ça se passe très bien. Il était cool avec moi et m’a permis de me sentir rapidement à l’aise. »
« C’est une belle image parce que les gens ont compris qu’on ne se tirait pas dessus »
Sans concertation, Lopez lui rend la pareille : « Humainement, Joris est génial ! Super simple, convivial. Je ne le connaissais pas. C’est bien d’avoir des gars comme ça dans un groupe. Je connaissais le monde amateur (NDLR, à Mauléon). Il a également joué en Fédérale 2 (à Decazeville, en Aveyron). C’est une très bonne rencontre. »
Désormais, les caméras de Canal+ ne sont plus braquées sur l’un lorsque l’autre tente un penalty, comme lors de la première journée contre Perpignan (21-19). « Ils m’en ont parlé après la réunion », se souvient Segonds. Camille a été la première à être contente que je l’aie transmis et c’est finalement une assez belle image car les gens ont compris qu’on ne se tirait pas dessus. » L’arrière Cheikh Tiberghien confirme : « On ne nous voit que sur le terrain mais en dehors, le groupe vit beaucoup ensemble et Joris et Camille s’entendent vraiment bien. »
Deux styles différents
Cette complicité se reflète sur l’Aviron, qui bénéficie de deux profils différents. « Camille est très proche de la ligne d’avantage, explique Patat. Il dispose d’un scan très rapide des défenses adverses qu’il manipule au gré de ses envies pour créer des espaces autour de lui pour ses coéquipiers. C’est son super pouvoir. Joris a un jeu de jambes énorme tant en longueur qu’en hauteur. Et il est attiré par les longues passes. »
Deux styles qui influencent le niveau de rame de la même manière. Et ne perturbe pas les repères du groupe, à l’exception de son plus proche relais, le demi de mêlée, qui est contraint de s’adapter. « L’un est gaucher (Lopez) et l’autre droitier, donc aux sorties de camp, il ne faut pas mettre le ballon du même côté », glisse Maxime Machenaud. Un détail. «C’est quand même un réconfort d’avoir deux profils comme ça au même poste», apprécie Grégory Patat. Le choix du roi.
Bayonne (10e, 14 pts) – Racing (9e, 14 pts)
Lieu Bayonne (stade Jean-Dauger). Horaire Ce samedi à 14h30 Arbitre M. Blasco-Baqué.
Bayonne Tiberghien – Callandret, Maqala, Tuilagi, Carreras – (o) Segonds, (m) Machenaud – Chouzenoux, Cassiem, Habel-Küffner – Paulos, Iturria (c) – Tatafu, Bosch, Cormenier. Remplaçants : Martin, Bordelai, Moon, Heguy, B. Germain, Lopez, Martocq, Tagi.
Courses M. Spring – Tuisova, Fickou (c), Chavancy, Arundell – (o) Gibert, (m) Le Garrec – Diallo, Baudonne, Woki – R. Taofifenua, Kpoku – Kharaishvili, Kaitu’u, Gogichashvili. Remplaçants : Tarrit, Ben Arous, Palu, Jor. Joseph, Le Bail, Lancaster, James, Laclayat.