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entre Ousmane Sonko et Macky Sall, deux têtes d’affiche d’un duel pour les législatives

L'Assemblée nationale sénégalaise à Dakar, septembre 2022.

Entre Ousmane Sonko et Macky Sall, l’heure de la revanche semble avoir sonné. Le duel entre les deux figures majeures de la vie politique sénégalaise, déjà joué lors de la présidentielle de 2019 et remporté par l’ancien président Sall, donnera lieu à un nouvel affrontement, cette fois lors des élections législatives anticipées du 17 novembre.

L’ancien chef de l’Etat, désormais envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P), a en effet été nommé tête de liste nationale de sa coalition Takku Wallu Sénégal, ont annoncé plusieurs de ses proches lundi 30 septembre. nouvelle alliance qui scelle les retrouvailles de la famille libérale, entre le parti de Macky Sall, l’APR (Alliance pour la République), et le mouvement avec lequel il a rompu en 2008, le PDS (Parti démocratique sénégalais) de l’ancien président Abdoulaye Wade, dont son fils, Karim Wade, vivant en exil au Qatar depuis huit ans, est investi en troisième position sur cette même liste nationale.

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Le retour annoncé de Macky Sall, absent du pays depuis qu’il a cédé le pouvoir à Bassirou Diomaye Faye en avril, constitue un revirement majeur dans la vie politique sénégalaise. Mais il n’a jamais cessé d’œuvrer en coulisses pour réunifier sa famille politique et tenter de limiter l’influence de son ancien premier ministre, Amadou Ba, dont il a salué la candidature du bout des lèvres lors de la présidentielle. du 24 mars, cette réapparition confirme son implication croissante dans ce scrutin.

Depuis sa défaite, M. Ba est parti avec les cadres du mouvement de l’ancien président pour former un nouveau parti, Nouvelle Responsabilité, et prendre la tête d’une autre coalition d’opposition, Jam ak Njariñ (« Paix et prospérité » en wolof).

Vengeance politique pour Ousmane Sonko ?

Le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, tous deux emprisonnés lors du dernier mandat de Macky Sall, n’ont pas réagi mardi 1euh Octobre à ce retour annoncé. Ce rebondissement en début de campagne législative ne devrait cependant pas manquer d’électrifier un peu plus les débats. Car Macky Sall est loin de faire l’unanimité. Le collectif des victimes de son régime le tient pour l’un des responsables de la répression des manifestations antigouvernementales qui ont fait plus de soixante morts entre 2021 et 2024 selon Amnesty International.

Sa silhouette agit comme un chiffon rouge brandi par le nouveau pouvoir, lancé depuis plusieurs semaines dans une opération de « responsabilité » qui vise les anciennes autorités. Enquêtes contre certains de ses proches, interdictions de quitter le pays, audits des comptes publics, le gouvernement du Premier ministre exerce de fortes pressions sur les anciens responsables et partisans de l’ex-président. « Le régime du président Macky Sall a menti au peuple et aux partenaires »a dénoncé Ousmane Sonko, jeudi 26 septembre, lors d’une conférence de presse.

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Avec Macky Sall annoncé comme tête de liste nationale d’une des coalitions d’opposition, Takku Wallu Sénégal, Ousmane Sonko pourrait prendre sa revanche personnelle et politique. Le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), désigné dimanche par son parti tête de liste nationale, a été pendant cinq ans le premier détracteur et la première victime de la répression de l’ancien président. Aujourd’hui, le rapport de force s’est inversé.

Ousmane Sonko n’est plus l’opposant numéro un mais un leader au pouvoir ayant placé ses hommes dans les rouages ​​de l’Etat. Il a remporté, par procuration, une victoire aussi large qu’inespérée lors de la présidentielle du 24 mars avec l’élection de Bassirou Diomaye Faye, alors quasiment inconnu des Sénégalais.

Galvanisez votre base

Fort de ce plébiscite, son mouvement, qui se définit comme souverainiste de gauche, veut organiser des élections législatives le 17 novembre. « un second tour des élections présidentielles ». Pastef entend poursuivre sur sa lancée victorieuse avec l’objectif de conquérir – sous sa bannière unique – une majorité à l’Assemblée nationale. Celle-ci a été dissoute le 12 septembre sur décision du chef de l’Etat, ses troupes étant minoritaires à l’issue des élections législatives de 2022.

Pour y parvenir, Ousmane Sonko semble en campagne permanente pour galvaniser sa base, essentiellement jeune et avide d’un nouveau mode de gouvernance au Sénégal. Et dans sa quête de majorité, le parti a opéré une rupture électorale stratégique, choisissant de faire cavalier seul plutôt que de former des alliances comme par le passé.  » Il a choisi d’investir le soutien de la coalition présidentielle, le président Diomaye, sous l’étiquette Pastef, pour serrer les rangs et éviter de futurs cas de transhumance.analyse le politologue Alassane Ndao, de l’université Gaston-Berger de Saint-Louis.

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« L’enjeu de Pastef est d’être hégémonique au sein de l’Assemblée nationale comme l’ont été à une époque le Parti socialiste puis le Parti démocratique sénégalais », poursuit Mamadou Lamine Sarr, professeur et chercheur en sciences politiques à l’université numérique Cheikh-Hamidou-Kane. Il reste moins de cinquante jours à la nouvelle opposition sénégalaise pour inverser cette tendance.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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