Les festivités pour le mariage d’Anant Ambani avec la fille d’un magnat de l’industrie pharmaceutique durent depuis plus de quatre mois. Elles ont commencé le 1er mars. Le clan a organisé une fête dans son État natal de Jamnagar, dans l’ouest de l’Inde, avec plus de 1 000 invités, dont Bill Gates, Mark Zuckerberg, Rihanna et Ivanka Trump. Il y a ensuite eu la croisière de trois jours en mai et juin de Palerme à Cannes sur un navire de 16 étages avec 800 invités. Les deux fêtes auraient coûté entre 150 et 300 millions de dollars.
Au départ, la fabrication du polyester
Ce faste, ce faste, cette étalage de fortune sont inédits chez les milliardaires indiens. Le père de Mukesh, Dhirubhai Ambani, a bâti son empire industriel dans les années 1970 en se lançant dans la fabrication de polyester. « Dhirubhai possédait un modeste appartement dans un immeuble sans prétention de Bombay. À cette époque, les capitaines d’industrie menaient une vie presque recluse », se souvient le journaliste Hamish McDonald, qui a publié en 2010 un livre sur la famille, Ambani & Sons. Le climat politique impose cette prudence. L’Inde vit dans une économie semi-commanditaire. L’État se méfie du patronat et garde le contrôle sur des secteurs clés.
A partir de 1991, le gouvernement libéralise l’économie pour relancer la croissance et l’emploi. Une classe de milliardaires émerge dix ans plus tard. Mukesh Ambani, qui avait un style de vie réservé, change de cap après la mort de son père en 2002. Il se fait construire un palais de 173 mètres de haut à Bombay, estimé à 2 milliards de dollars par le Livre des records. Il offre à sa femme un Airbus A319 privé pour son anniversaire en 2007. « En Inde, un milliardaire ne risque rien tant qu’il est du côté du parti au pouvoir et qu’il le flatte. Le BJP du Premier ministre Modi voit en Mukesh Ambani l’incarnation de l’entrepreneuriat dont le pays a besoin », explique Hamish McDonald.
« La presse internationale suit le mariage d’Anant Ambani. C’est comme s’ils étaient devenus la famille royale indienne », a déclaré une femme d’affaires qui a participé à l’organisation des mariages de deux des enfants d’Anant Ambani en 2018 et 2019. Ce luxe met en lumière l’injustice sociale en Inde, où le gouvernement fournit une aide alimentaire gratuite à près de deux Indiens sur trois.