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Entre l’Algérie et le Niger, les migrants de la discorde

Migrants à Agadez, le 2 janvier 2024.

« La crise s’aggrave entre les deux pays », à la une du jeudi 4 avril TSA, un journal en ligne algérien, au lendemain de la convocation de l’ambassadeur d’Alger en poste à Niamey au ministère nigérien des Affaires étrangères. La question migratoire est au cœur de cette tension bilatérale, s’ajoutant à un contexte sahélien déjà dégradé pour l’Algérie alors que la crise couve toujours avec le Mali.

A Niamey, le diplomate algérien s’est vu signifier, mercredi 3 avril, le « protestations » du gouvernement nigérien contre « caractère violent » opérations de refoulement de milliers de migrants par l’Algérie. Le Niger dénonce « vastes opérations de descente de police » ayant récemment pris pour cible des Subsahariens, dont de nombreux Nigériens, résidant à Tamanrasset (sud de l’Algérie), au mépris de leurs droits.  » intégrité physique  » et de « la sécurité de leurs biens ». La page Facebook du ministère a diffusé des images vidéo montrant des dizaines de Nigériens chargés dans des camions en direction de la frontière ou abandonnés à pied dans le désert, certains bandés de bandages.

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L’Algérie a l’habitude de refouler les migrants subsahariens vers le Niger. Selon l’organisation humanitaire Alarme Phone Sahara, quelque 23 000 expulsions ont été réalisées en 2023. La nouvelle situation politique au Niger est venue s’ajouter à ces tensions migratoires récurrentes à la frontière. Le régime militaire issu du putsch de juillet 2023 à Niamey a en effet décidé, fidèle à son inspiration souverainiste, d’abroger la loi de 2015 pénalisant le trafic illicite de migrants.

Ce système répressif, l’une des grandes réussites de la coopération de Bruxelles avec les États africains, visant à endiguer les flux migratoires vers la Méditerranée, a été soudain dénoncé comme contraire aux « intérêts du Niger et de ses citoyens ». Il n’a pas fallu plus de quelques semaines pour que la ville d’Agadez, capitale du « pays » touareg et carrefour régional majeur des migrations vers l’Afrique du Nord, reprenne ses activités d’hébergement et de transport de voyageurs que la loi de 2015 avait de facto condamnée. il de refuser.

Une forme d’émancipation de Niamey d’Alger

Depuis le début de l’année, les flux ont encore augmenté de façon spectaculaire, selon le décompte de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) : +98% de passages de frontières en janvier vers la Libye par rapport à décembre 2023, + 34% vers l’Algérie.

Si la politique d’expulsions menée par Alger n’est pas nouvelle, la réaction indignée de Niamey est nouvelle. Elle marque une forme d’émancipation du Niger par rapport à son grand voisin du nord dont la tutelle pesait jusqu’alors sur l’équilibre national, via notamment l’influence exercée par les Algériens sur les groupes touaregs.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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