La « grande barrière », comme nous appelons le poste frontalier entre les villes de Goma, en République démocratique du Congo, et Gisenyi, au Rwanda, est un témoin silencieux de l’histoire mouvementée qui relie les deux pays. Au cours des trois dernières décennies, elle a vu, dans une direction ou dans l’autre, des vagues de commerçants, des réfugiés, des armes, des trafiquants, des journalistes, des génocidaires fuyants et des travailleurs humanitaires. Ce mercredi 29 janvier, le matin, l’absence du brouhaha qui l’entoure généralement, dit une tension ambiante.
Les rues de la petite ville de Gisenyi, par le lac Kivu, sont presque désertes, à l’exception de quelques vendeurs de légumes affichés à un carrefour et une poignée de voitures qui circulent. Calme règne maintenant quand, encore mardi, le matin, on pouvait entendre des tirs d’artillerie et des combats intenses près de la frontière.
Le principal point de passage entre Goma et le Rwanda a commencé à rouvrir après deux jours de clôture. Depuis ce week-end, seulement quelques centaines de réfugiés congolais, principalement des femmes et des enfants, avaient été autorisés à traverser, et un site a été nommé pour leur installation, à l’entrée de Gisenyi. Ce mercredi, les ONG, les agences des Nations Unies, mais aussi certaines familles ont passé la frontière vers le Rwanda. À midi, près