Entre Elisabeth Borne et les syndicats, une rencontre pour rien

Rien n’est venu troubler un scénario écrit d’avance : les rencontres bilatérales entre les syndicats et le Premier ministre, ces mardis et mercredis, ont accouché de la souris attendue. Tour à tour, les représentants des syndicats ont défilé dans le bureau d’une Elisabeth Borne bien décidée à ne pas lâcher la réforme des retraites, et qui s’est même permis une attaque politique en fin de meeting. « C’est tout à fait irresponsable de la part d’un groupe parlementaire de laisser entendre qu’on peut présenter un projet de loi qui enlève 18 milliards d’euros de ressources » a-t-elle affirmé, ciblant le texte que compte présenter à l’Assemblée le 8 juin le groupe Liot, afin demander l’abrogation de la réforme. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a aussitôt rétorqué qu’il serait « inacceptable que ce projet de loi ne soit pas examiné par le Parlement ».
« On nous avait vendu le dialogue social, nous avons assisté à deux heures de monologue des patrons », a déclaré Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Je suis en colère, après avoir constaté que sur presque tous les sujets, c’était une fin d’irrecevabilité, avec une politique alignée sur l’intérêt et la volonté des employeurs. « Le responsable syndical regrette notamment que sur la question des augmentations salariales, le Premier ministre ait botté en touche, renvoyant la patate chaude aux « partenaires sociaux » lors d’hypothétiques négociations.
Tous les dirigeants syndicaux se disent déçus de la rencontre. Pour la CFE-CGC, François Hommeril a assuré que les syndicats avaient été « trahis » par l’exécutif sur le dossier des retraites. « On a mis le bal mais on n’a pas dansé », résume Frédéric Souillot (FO), le premier à s’entretenir avec Élisabeth Borne.
Cette dernière a proposé une rencontre multilatérale avec elle ou Emmanuel Macron, une idée que certains syndicats ont récemment saluée : Sophie Binet (CGT) juge cette nouvelle rencontre inutile, tant qu’il n’y aura pas « d’annonces concrètes sur la question du retrait de la la réforme des retraites ou l’augmentation des salaires ».
Grb2