entre Attal, Bardella et Bompard, un débat pour faire bouger les lignes
Le débat a été annoncé comme décisif à cinq jours du premier tour des élections législatives. Certes, il était parfois vif mais aussi assez conventionnel. Sans prendre aucun risque, le Premier ministre Gabriel Attal, le président du Rassemblement national Jordan Bardella et le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard ont déroulé leurs propositions, mardi 25 juin, lors d’un affrontement d’une heure quarante-cinq minutes organisé par TF1. . Ils ont exprimé trois visions inconciliables.
Pour les trois dirigeants, le débat était une question de crédibilité. Gabriel Attal, 35 ans, l’actuel Premier ministre, jouait, en même temps que la survie du macronisme, son séjour à Matignon, tandis que Jordan Bardella, 28 ans, visait sa succession, se présentant comme le visage d’un « une alternance raisonnable et responsable ». Manuel Bompard, 38 ans, moins connu que ses concurrents et n’ayant pas l’ambition d’être Premier ministre, a veillé à maintenir la ligne d’une gauche fraîchement unie au sein du Nouveau Front populaire.
« Faire croire à la Lune »
La première bataille s’est déroulée sur la question du pouvoir d’achat, première préoccupation des Français et fortement déterminante de leur vote. Dès le départ, Jordan Bardella apparaît comme « le premier ministre du pouvoir d’achat », développant sa promesse d’une réduction immédiate de la TVA à 5,5% sur les carburants, l’électricité et le gaz. De son côté, Manuel Bompard a défendu une mesure visant à bloquer les prix de l’énergie, du carburant et d’un panier de produits de première nécessité. « La différence avec mes concurrents, c’est que je ne vais pas faire croire aux Français à la Lune »a répondu Gabriel Attal, alors que la discussion s’intensifiait sur le financement des propositions.
L’augmentation du salaire minimum à 1 600 € net, préconisée par la gauche, a donné lieu à une seconde salve. « Si vous augmentez de 10% le Smic et le point d’indice des fonctionnaires, vous déclencherez un cercle vertueux dans l’économie française »a estimé le lieutenant de Jean-Luc Mélenchon. « C’est une machine destructrice d’emplois »a répondu Gabriel Attal, pour qui ce « va étouffer les employeurs » petites entreprises. Les trois hommes s’affrontent alors, de manière parfois confuse, sur la question des retraites. Jordan Bardella et Manuel Bompard ont souhaité revenir sur la réforme portant l’âge légal de départ à 64 ans. Refusant son abrogation, Gabriel Attal a jugé leur « des propositions peu crédibles ».
Autre sujet de friction : les impôts. Le Premier ministre a réaffirmé que la coalition présidentielle « continuera à ne pas augmenter les impôts des Français ». Mais pour Manuel Bompard, « la question est : qui devrait payer plus et qui devrait payer moins ». Le coordinateur de LFI a expliqué qu’il souhaitait « plus de tranches (14 au lieu de 5, NDLR) pour qu’il y ait plus de progressivité ». De son côté, Jordan Bardella, qui a pointé du doigt à plusieurs reprises les comptes publics « composé »a affirmé : « Je n’augmenterai pas les impôts et je serai le premier ministre de la paix fiscale ».
Le président du RN a notamment déclaré vouloir « exonérer les jeunes de moins de 30 ans de l’impôt sur le revenu. » Gabriel Attal a immédiatement plaisanté sur un mannequin « où vous ne payez pas d’impôts jusqu’à 30 ans et où vous arrêtez de travailler à 60 ans »tandis que Manuel Bompard critiquait Jordan Bardella « une captation des ressources et des moyens des 30 % les plus pauvres pour les transférer aux 10 % les plus riches ».
Affrontement sur les doubles nationalités
Après une heure de discussions, les débatteurs ont abordé la question de l’immigration. Au lendemain de la présentation du programme du RN, Jordan Bardella a confirmé qu’il souhaitait « reprendre le contrôle » de l’immigration, s’inquiétant « bombes démographiques » sur le continent africain. Il s’en est pris à Manuel Bompard : « Avec Jean-Luc Mélenchon Premier ministre, nous ouvrirons les vannes de l’immigration ». Avant d’être pris à partie par Gabriel Attal.
Alors que le leader de l’extrême droite veut empêcher les binationaux d’occuper certains postes jugés stratégiques, le Premier ministre a estimé que « 3,5 millions de Français binationaux se sont sentis insultés et humiliés » par cette mesure. « Vous voulez confier une centrale nucléaire à un Franco-Russe ? » » a déclaré Jordan Bardella à Gabriel Attal. Le chef du gouvernement a alors rappelé que son adversaire disposait d’un conseiller franco-russe auprès du Parlement européen. « qui assiste à des réunions à huis clos avec des informations confidentielles sur la guerre en Ukraine ».
Les trois dirigeants ont également évoqué les sujets de transition écologique, de sécurité, de justice, d’école et de santé, mais ont dû abandonner les questions internationales, faute de temps. En conclusion, Jordan Bardella et Manuel Bompard ont appelé, dans les mêmes termes, à « tourner la page du macronisme » tandis que Gabriel Attal estimait que la France « une rencontre avec ses valeurs et son destin » 30 juin et 7 juillet.
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