La nouvelle était redoutée : ArcelorMittal, deuxième groupe sidérurgique mondial, compte tirer un trait sur sa principale usine de Reims, baptisée « Centres de services ». L’annonce a été faite dans le cadre d’un Comité Social et Economique (CSE) extraordinaire, qui s’est tenu par visioconférence, ce mardi 19 novembre en milieu d’après-midi, a appris Le syndicat de source syndicale.
Parmi ses 200 salariés,« entre 100 et 150 salariés » perdraient leur emploiselon les annonces faites ce mardi, les fonctions supports étant préservées. En fin de journée, sous une pluie battante et au milieu de rafales de vent, des responsables syndicaux, stupéfaits, parlaient de « 130 salariés » sur le carreau.
La plus grande usine ArcelorMittal à Reims
Leur entreprise est la plus grande des quatre du groupe à Reims. Le géant mondial de l’acier, basé au Luxembourg, en compte trois autres (Distribution solutions France, Construction France et ArcelorMittal Services), comptant chacun entre dix et plusieurs dizaines de salariés.
Celui qui doit fermer est situé au nord de la ville, dans le quartier de Port Colbert. Elle est historiquement spécialisée dans la transformation de bobines d’acier. Son activité se partage entre le « dérouleur » (fabrication de tôles d’acier) et le « refendage » (création de petites bobines).
L’usine de Reims sacrifiée
Ces dernières années, elle a produit beaucoup moins, ayant perdu une partie de ses marchés, à la demande du groupe lui-même selon les syndicats. Benoît Jean-Leroy, délégué CFDT (premier syndicat du site), tout en confirmant le projet de fermeture, a dénoncé, ce mardi, une stratégie sacrifiant la Cité des Sacres.
Le groupe a retiré des marchés rentables de Reims pour les transférer ailleurs »
« L’activité est en baisse à Reims, car le groupe a retiré des marchés rentables de Reims pour les transférer ailleurs »il accuse. L’usine de Reims aurait vu son activité divisée presque par deux en deux ans, passant d’un volume de 260 000 tonnes traitées en 2021 à un volume de 140 000 tonnes en 2023.
Le premier scénario n’anticipait que 31 suppressions d’emplois…
L’issue est d’autant plus douloureuse que le premier scénario envisagé par ArcelorMittal ne prévoyait pas de fermeture sèche. En mai dernier, le groupe envisageait en effet un plan de rupture contractuelle collective, impliquant 65 salariés répartis dans les huit Centres de Services en France : 31 postes ont été supprimés à Reims, et quelques-uns dans chacun des autres sites.
Les négociations visant à parvenir à une rupture conventionnelle ont toutefois échoué au début de l’été. Quatre mois plus tard, le nouveau scénario présenté s’avère bien plus sévère pour Reims, ainsi que pour Denain : la ville du nord voit également son site de production condamné, mais avec moins de salariés concernés (une trentaine).
Une stratégie centrée sur les Etats-Unis
Les représentants du personnel sont d’autant plus amers que « le groupe ArcelorMittal se porte très bien »selon Benoît Jean-Leroy. « Il gagne de l’argent, mais il revoit complètement sa stratégie, se tournant vers les Etats-Unis, au détriment de l’Europe »» déclare le responsable CFDT (lire par ailleurs).
Dans un contexte économique difficile, la société ArcelorMittal Service Centers est confrontée à une forte baisse d’activité »
De son côté, la direction de l’entreprise a confirmé, en fin de compte, l’existence d’un « projet de réorganisation de l’entreprise et d’adaptation de ses capacités de production ». Un projet qui «comprend un arrêt possible» sites à Reims et Denain.
Derrière le mot » possible « Mais les représentants du personnel voient peu d’espoir, convaincus que la décision est prise. En fait, le groupe mentionne déjà, dans sa réponse à Le syndicatde la « négociations » avenir « sur des mesures sociales pour limiter l’impact sur l’emploi ».
Concernant les raisons qui ont conduit à cela « réorganisation »la direction mentionne « un contexte économique difficile » Et « une forte baisse d’activité (des Centres de Services), chez ses clients Industrie et Automobile, qui s’est accélérée ces derniers mois. »
Direction et partenaires sociaux doivent se réunir dans quelques jours, « fin novembre »pour entamer les négociations.