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Enseignement supérieur : la précarité du côté des enseignants

On ne les voit pas, on les entend à peine. Les élèves eux-mêmes perçoivent à peine les différences de statut entre ceux qui viennent leur donner des cours. En revanche, ceux qui sont appelés « enseignement supérieur précaire » sont de plus en plus présents à l’université.

On peut même dire que les établissements d’enseignement supérieur font preuve d’une créativité de plus en plus débridée dans le recrutement de leurs enseignants, avec pour corollaire une précarité – statutaire, mais aussi financière – désormais galopante.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les personnels temporaires et contractuels assurent aujourd’hui près d’un tiers (31 %) du volume total des cours de l’université. Les personnels temporaires représentent à eux seuls 5 millions d’heures sur un total annuel de 26 millions : c’est autant que ce que font les enseignants-chercheurs titulaires en heures supplémentaires, en plus de leur service d’enseignement normal. Mais ce n’est pas au même rythme…

« C’est de l’exploitation, presque du travail bénévole »

« L’université dépend de son personnel temporaire »explique Marie1sociologue, postdoctorante au CNRS. Elle-même a effectué deux années de travail de vacances après sa thèse, qu’elle a réalisée à l’étranger. Son verdict est sans appel : « C’est de l’exploitation, presque du bénévolat. On est payé 44 euros brut pour une heure de cours, mais les heures de préparation ne sont jamais prises en compte. Or, pour un bloc de trois heures de cours, il m’a fallu un à deux jours de préparation. À ce rythme-là, faire des traductions ou même travailler au supermarché, c’est plus intéressant ! On le fait parce qu’on nous le demande, et aussi parce que ça nous paraît flatteur de pouvoir dire qu’on enseigne à l’université… »

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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