Categories: Nouvelles locales

enquête sur nos connexions au-delà de l’humain

Pièces jointes

par Charles Stepanoff

La découverte, collection « Sciences humaines », 640 p., 19 €

► De quoi s’agit-il ?

Plus que toute autre espèce, l’être humain a la capacité de nouer des liens d’attachement à son environnement, aux animaux, aux plantes, au cosmos. Et de ces liens d’attachement, multiples et polymorphes, naît l’évolution des sociétés. Dans son dernier livre, l’anthropologue Charles Stépanoff nous invite à explorer les relations singulières – et à la lecture de son œuvre, on pourrait dire extraordinaires – à ce qui l’entoure. Son ouvrage est un voyage dans le temps et la géographie, qui s’appuie à la fois sur ses enquêtes de terrain en Sibérie du Sud et au-delà, parmi les populations touva, tozhu, kazakhe et évène et sur des travaux dépassant sa discipline, en ethnologie, en archéologie ou en histoire.

En peignant un paysage extrêmement diversifié des sociabilités humaines, Charles Stépanoff nous bouscule de deux manières. D’abord, il interroge le mythe occidental de la civilisation, concevant la « domestication » des animaux et des plantes comme une rupture qui a fait passer l’humanité d’un stade d’immersion dans la nature à un stade de séparation. La réalité s’avère bien plus riche et complexe. Il nous aide ensuite à penser l’horizon actuel, celui de sociétés où les rapports au vivant se sont énormément appauvris, « basé sur la dévastation écologique, les inégalités sociales et les pouvoirs centralisés ».

► À qui s’adresse-t-il ?

Le grand talent de Charles Stépanoff est de proposer une œuvre d’une grande érudition, tout en restant accessible à un large public. Les scènes qu’il décrit dans un camp de Touva en Sibérie, nous projetant un matin de printemps dans une yourte peuplée d’enfants et de jeunes agneaux, sont absolument délicieuses. Elles servent toujours son propos qui, il faut le dire, est exigeant. Les 640 pages de son œuvre d’anthropologue, démonstration précise et détaillée, demandent attention et temps. Mais cela en vaut la peine !

► Ce que nous en pensons

Original, savant, nourri, exigeant donc : cette fois encore, Charles Stépanoff nous enchante. Comme dans son précédent livre (L’animal et la mort(publié en poche aux éditions La Découverte, 448 p., 15 €), il poursuit son étonnante exploration de notre rapport au vivant, nous forçant à questionner nos attitudes simplistes et la polarisation stérile entre « écologistes » et « antispécistes » d’un côté et « humanistes » de l’autre. Tout cela à travers un voyage magistral au cœur de civilisations ignorées, à dos de renne ou au coin du feu, des confins de la Russie à l’Amazonie.

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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