ENQUÊTE – Hypervirilisé, le trafic de drogue se féminise de plus en plus. A Marseille, ville laboratoire du marché français de la drogue, les enquêteurs croisent désormais des femmes à tous les niveaux : livreuses, vendeuses, voire chefs de clan et même, depuis peu, organisatrices d’assassinats.
Les signes montrent que cette nouvelle forme d’égalité se répand dans toute la France. C’était le 21 juin 2021, dans les quartiers nord de Marseille (14e arrondissement). Plus précisément dans la ville de Paternal, l’un des hauts lieux du trafic de drogue qui sévit dans la ville. Dans ce petit groupe d’immeubles se trouvent quatre points de deal juteux, qui génèrent jusqu’à « 200 000 euros de chiffre d’affaires par jour » selon la police. De quoi aiguiser l’appétit des gangs rivaux. Les plus grands réseaux disposent donc de leurs propres « soldats », des hommes armés, chargés de la sécurité des points de deal. Ce jour-là, des rafales de Kalachnikov ont résonné dans toute la ville. Des habitants désemparés appellent la police. À leur arrivée, les policiers ont trouvé une Kalachnikov et une arme de poing, cachées dans les parties communes d’un immeuble. Lorsqu’ils ont arrêté les deux jeunes soupçonnés d’être les auteurs de la fusillade, les policiers étaient stupéfaits : l’un des deux « militaires » était une femme.