Le premier match semble perdu. Les autres temps. En campagne pour les élections européennes, la liste de la majorité présidentielle menée par Valérie Hayer se retrouve désormais loin derrière celle du RN, emmenée par Jordan Bardella. Dans le baromètre OpinionWay-Vae Solis pour « Les Echos » et Radio Classique – qui devient hebdomadaire à partir de cette semaine, jusqu’au vote – la liste du parti d’extrême droite reste au plus haut, avec 29% d’intentions de vote, stable depuis le dernière vague le 22 avril.
La liste Renaissance recueille 18% des intentions de vote, en baisse de 1 point. Il s’agit de son niveau le plus bas depuis le début du baromètre. A l’inverse, la liste PS-Place publique conduite par Raphaël Glucksmann progresse de 1 point, à 14%. C’est une hausse de 5 points depuis la première mesure du baromètre en novembre dernier. L’écart avec la majorité se réduit, c’est l’autre match de cette campagne.
«Dynamique Glucksmann»
« L’enjeu, à un peu plus d’un mois de l’élection, sera cette deuxième place, avec une remise en cause de la dynamique Glucksmann, réelle, et qui est le seul fait notable jusqu’à présent », note Bruno Jeanbart, vice-président. président d’OpinionWay. Depuis cinq mois, nous avons gardé le même ordre mais avec des écarts différents, et deux listes en deuxième et troisième positions qui sont proches mais loin derrière la première », constate-t-il.
Bruno Jeanbart explique la percée de Raphaël Glucksmann « très clairement et surtout par une capacité à déclencher une concentration des voix de gauche vers lui, plutôt qu’une fuite de l’électorat devant Emmanuel Macron. Et cette progression s’effectue avec un total de gauche relativement stable.»
Dans le détail cependant, ce sont 12% des électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 qui sont favorables à la tête de liste PS-Place publique, mais un tiers de ceux de Jean-Luc Mélenchon et un également un tiers de ceux de Yannick Jadot. « Si l’on s’en tient à ce schéma de concentration des électeurs de gauche sur Raphaël Glucksmann, la marche est suffisamment haute pour obtenir la deuxième place. Sinon, s’il a la capacité de convaincre d’autres électeurs, parmi Emmanuel Macron, ce qui n’est pas la tendance, alors ça pourrait changer la donne », estime Bruno Jeanbart.
L’enquêteur note quelques embûches sur la route de Raphaël Glucksmann, lui aussi très prudent sur sa dynamique. La sécurité du choix est moindre pour lui que pour Renaissance, et les débats télévisés vont également s’intensifier. « Il y a un petit risque, au fur et à mesure qu’il devient le candidat vaincu à gauche, que les critiques des Verts et de Jean-Luc Mélenchon se concentrent sur lui, cela pourrait freiner sa dynamique », prévient l’enquêteur.
Mobilisation générale pour le camp Macron
Du côté de la majorité, qui a longtemps nié toute dynamique de la liste de Raphaël Glucksmann, l’ambiance est à la mobilisation générale. Après le discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne (dont ce baromètre ne peut mesurer l’impact, l’enquête de terrain s’étant terminée la veille du discours), considéré comme le premier étage de la fusée, indispensable pour reparler de l’Europe à son électorat, des réunions publiques , les débats et les actions de terrain vont se multiplier.
Surtout, la liste ainsi que le programme seront dévoilés respectivement ce vendredi et lundi avant le prochain grand rendez-vous de la majorité, mardi 7 mai à Paris. De quoi, on l’espère en interne, mettre enfin la campagne sur orbite et aller chercher ces électeurs d’Emmanuel Macron en 2022 qui n’ont pas encore prévu de se déplacer le 9 juin.
Gabriel Attal a également fini par décider de débattre avec Jordan Bardella, probablement vers la fin mai. Le Premier ministre va multiplier ses déplacements sur le terrain, notamment dans l’ouest de la France, bastion de la Macronie sous-mobilisée.