Enorme scandale révélé avant les JO
Selon ARD et le New York Times, 23 nageurs chinois ont été testés positifs avant les Jeux olympiques de Tokyo avant d’être blanchis juste avant la compétition, avec l’approbation de l’Agence mondiale antidopage.
C’est une affaire très grave, révélée ce samedi par ARD et le New York Times. Selon ces deux médias, pas moins de 23 nageurs de l’équipe chinoise ont été testés positifs en janvier 2021, à quelques mois des Jeux olympiques de Tokyo. Mais ils ont été secrètement autorisés, à temps, pour pouvoir participer au concours.
Parmi le lot, il y avait notamment Zhang Yufei et Wang Shun, médaillés d’or à Tokyo, ou encore Qin Haiyang, élu nageur de l’année en 2023 après son record du monde du 200 mètres brasse et sa razzia aux Mondiaux. Comment ont-ils pu échapper à la punition ? La Chine, après des semaines d’enquête interne, a retrouvé des traces du produit en question (trimétazidine) dans la cuisine d’un hôtel de la délégation de nageurs lors d’une compétition. Et cette explication, qui induirait une contamination accidentelle, a été acceptée par l’Agence mondiale antidopage (AMA).
Certains experts en dopage se sont étouffés en entendant cette histoire. Travis Tygart, chef de l’Agence antidopage des États-Unis (USADA), également connu comme l’homme qui a renversé Lance Armstrong, a parlé de « révélations choquantes » et un « un couteau tranchant planté dans le dos des athlètes propres ». L’ancien directeur général de l’AMA, David Howman, estime que cette affaire pourrait semer la confusion quant à la fiabilité du gendarme mondial de l’antidopage.
Une enquête interne gérée par les services secrets chinois ?
ARD explique que ses journalistes se sont rendus en Chine pour enquêter sur le terrain sur cette histoire de contamination. Ce que l’AMA n’aurait même pas pris la peine de faire. Selon des journalistes allemands, des traces de trimétazidine auraient été retrouvées deux mois et demi après le passage des nageurs chinois. Aucune explication précise n’aurait été apportée sur la présence de ce produit dans cette cuisine (un médicament pour le cœur, prescrit sur ordonnance), ni sur la manière dont les sportifs auraient réellement été contaminés.
Cette enquête interne a été menée par le ministère de la Sécurité publique, une agence étatique proche des services secrets chinois. Et leurs conclusions n’ont pas été comparées par une entité indépendante, comme l’AMA. L’AMA explique à ARD qu’elle n’a pas « aucune base concrète pour contester » la thèse de la contamination, évoquant la faible dose de produit retrouvée dans les échantillons des sportifs, et des contrôles qui auraient varié entre positifs et négatifs pour les nageurs, selon les moments.
ARD a interrogé plusieurs experts qui jugent « hautement improbable » la thèse de la contamination, et constater un schéma de dopage assez clair. Le média allemand ajoute par ailleurs que les nageurs chinois auraient subi une baisse des contrôles antidopage pendant trois semaines, avant la compétition. Pour rappel, la trimatézidine, un médicament qui faciliterait la circulation sanguine, avait été trouvée dans les analyses d’une autre star de la natation chinoise, Sun Yang, en 2014.