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En Hongrie, Péter Magyar, nouveau venu dans le paysage politique, mobilise les anti-Orban

Péter Magyar, du parti Tisza (« Respect et Liberté »), lors d'une manifestation antigouvernementale à Debrecen, Hongrie, le 5 mai 2024.

La place devant la grande église réformée de Debrecen n’avait pas vu cela depuis longtemps. Dans cette deuxième ville de Hongrie, et fief du Fidesz – le parti au pouvoir – des milliers de manifestants, certains ayant parcouru des centaines de kilomètres, sont venus écouter, dimanche 5 mai, le nouveau « champion » de l’opposition : Péter Magyar, un Hongrois de 43 ans, encore inconnu du grand public il y a trois mois.

Issu des hautes sphères du pouvoir, cet ancien diplomate est parti brusquement en février, à la suite d’un scandale qui a ébranlé l’exécutif de Viktor Orban, premier ministre sans interruption depuis 2010 : une grâce présidentielle, accordée en catimini au directeur adjoint d’un foyer pour enfants, reconnu coupable d’avoir dissimulé les activités pédophiles de son supérieur. L’affaire est allée jusqu’à provoquer la démission de la présidente de la République, Katalin Novak, ainsi que le retrait de la vie politique de l’ancienne ministre de la Justice Judit Varga, qui devait conduire la liste Fidesz, aux élections européennes du 9 juin. .

Au lendemain de ces démissions en cascade, Péter Magyar, compagnon de Judit Varga jusqu’à 2023, a su saisir le bon moment pour s’ouvrir à la presse et multiplier les révélations sur un régime qu’il a connu de l’intérieur, après avoir navigué au sein de sa haute fonction publique. S’ensuit son lancement en politique, ponctué de manifestations de grande ampleur, à Budapest puis dans tout le pays. Le parti Tisza (« respect et liberté »), formation politique qu’il a rejoint opportunément pour les élections européennes et municipales du 9 juin, est candidat à ces deux élections. Une dernière enquête de l’institut Median lui attribue 17% des intentions de vote aux élections européennes.

Anti-système

« Où sont passés les 40 milliards de forints ? (103 millions d’euros) de l’Union européenne (UE) avec lequel on aurait pu reconstruire ce magnifique pays ? Où est cet argent ? À l’hôpital ? Écoles? Protection de l’enfance? « , » demande Péter Magyar sur scène, en jean, chemise blanche et tennis, devant une foule réunissant petits et grands.  » Non ! « , » scande l’assemblée qui brandit des drapeaux hongrois. « La majeure partie de cet argent est entre les mains de particuliers (…) et nous allons défaire cette entreprise (co-détenu) par Viktor Orban, Tiborcz et Meszaros (deux hommes d’affaires proches du Premier ministre) « , poursuit l’avocat.

« Nous pourrions clore ce chapitre qui a fait de la Hongrie l’un des pays les plus pauvres de l’Union européenne et l’un des plus corrompus », il continue. A trente-cinq jours des élections, celui qui bouscule les rangs d’une opposition atone et divisée, propose de choisir entre « propagande ou réalité » ou « division ou réconciliation ». Sur la plateforme, son apparition a été précédée de plusieurs interventions de célébrités et de représentants de la société civile.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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