En zone euro, les conditions d’octroi des crédits immobiliers commencent (enfin) à s’assouplir, une première depuis 2021
C’est une première depuis 2021. Les banques de la zone euro ont assoupli leurs conditions d’octroi de prêts immobiliers au premier trimestre. De quoi donner un peu d’air au marché des prêts immobiliers et laisser espérer une future baisse des taux par la BCE. Les derniers chiffres de l’inflation sont également en baisse.
» Pour la première fois depuis le quatrième trimestre 2021, les banques font état d’un assouplissement modéré de leurs critères d’octroi de crédit pour l’achat d’un logement », a indiqué la BCE dans un rapport publié mardi.
Dans le détail, le pourcentage net de banques ayant assoupli leurs critères s’élève à 6%, contre 2% qui les avaient durcis au dernier trimestre 2023, selon cette étude basée sur un questionnaire envoyé à 157 établissements. Un meilleur » la tolérance au risque des banques a contribué à cet assouplissement » dans l’immobilier, estime la BCE.
En revanche, pour les prêts aux entreprises, les conditions de crédit se sont de nouveau durcies. Ce dernier est cependant « lumière » et bien moins important que ce qui avait été anticipé par les banques dans le dernier rapport, selon la BCE. Qui plus est, pour le deuxième trimestre, les banques s’attendent à un » durcissement net modéré des conditions de crédit aux entreprises » et sous conditions d’octroi « inchangé pour les prêts aux ménages », tant dans le domaine de l’immobilier que de la consommation.
Légère baisse en France
En France aussi, le taux moyen des crédits immobiliers, hors frais et assurance, a baissé en février pour la première fois depuis deux ans, à 4,11%, selon les données publiées la veille par la Banque de France. Pour la première fois depuis début 2022, le taux d’intérêt moyen, hors frais et assurances, sur les nouveaux crédits immobiliers (hors renégociations) est en baisse de 6 points de base (4,11% après 4,17%).
Côté gouvernement, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu souhaite relancer un marché immobilier en chute libre : les ventes ont en effet chuté de 22 % en 2023, selon la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim). Cet objectif est partagé par la Banque de France, mais elles diffèrent sur les moyens pour y parvenir.
Le ministre souhaite ainsi relancer les prêts remboursables à l’échéance, qui dissocient le paiement des intérêts et le remboursement du capital, et sont très peu commercialisés aujourd’hui par les établissements bancaires en France. La Banque de France table plutôt sur la stabilisation, voire la baisse des prix.
Vers une baisse des taux en juin ?
Outre ces signaux et une inflation en baisse, qui approche même les 2,4% en mars, non loin de l’objectif de la BCE fixé à 2%, les marchés espèrent un assouplissement de la politique monétaire dans les prochains mois. Il faut dire que les hausses de taux opérées depuis juillet 2022 par l’institution pour freiner l’inflation dans la zone euro ont considérablement renforcé les conditions de crédit ces dernières années. Le taux sur les dépôts, qui fait référence, est à son niveau record de 4% depuis octobre 2023.
Cette politique a particulièrement mis en difficulté les ménages qui souhaitaient emprunter pour acquérir un logement, mettant la pression sur le marché dans de nombreuses villes européennes et ralentissant l’activité économique des entreprises.
Le conseil des gouverneurs de la BCE devrait marquer le terrain jeudi lors de sa réunion de politique monétaire, mais ne devrait pas encore toucher aux taux. En effet, l’institution monétaire veut s’assurer que l’inflation est en bonne voie de revenir vers l’objectif de 2% avant de commencer à desserrer l’étau monétaire. Une perspective qu’elle laisse en suspens pour juin, selon les déclarations concordantes de plusieurs ténors de la banque.
Le président de la Banque fédérale d’Allemagne a ainsi estimé en mars qu’une première baisse des taux dans la zone euro était probable en juin, mais sans automatisme pour l’avenir, faisant écho aux propos de la présidente de la BCE Christine Lagarde. Ce dernier a déclaré le mois dernier que les gardiens de l’euro « n’étaient pas pas assez confiant » d’envisager de lâcher du lest.
(Avec l’AFP)