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« En une journée, on fait 5 chiffres ! »

Véritable tendance en plein essor, l’achat et la vente de colis perdus convainquent de nombreuses personnes. Difficile aussi de rater toutes ces vidéos sur les réseaux sociaux, mais comment expliquer cette mode ? Un acteur du secteur remet les clés de son entreprise.

Pourriez-vous acheter une boîte sans savoir ce qu’elle contient ? C’est tout l’intérêt du concept de packages mystères.

Depuis le 1er janvier 2022 et l’entrée en vigueur de la loi anti-gaspi adoptée en 2020, il est désormais interdit de détruire les invendus non alimentaires. Si la plupart y voient une avancée écologique, pour d’autres, c’est une belle opportunité de business : acheter en gros des colis déclarés NPAI (n’habitant pas à l’adresse indiquée), non réclamés ou perdus et les revendre au poids. Sans les ouvrir.

Bref, des produits en tout genre commandés par d’autres personnes, mais qui n’ont pas trouvé propriétaire.

« Dès que je vois une veine, je m’y mets et j’ouvre les vannes »

Au milieu de ce marché dijonnais, entre les maraîchers et les vendeurs de souvenirs, un commerçant se démarque du lot. Sur ses étals, des cartons de toutes les couleurs forment un certain désordre peu esthétique. Mais ne vous fiez pas aux apparences, aujourd’hui c’est ce commerçant qui va réaliser le plus gros chiffre d’affaires de toute la journée.

Derrière les piles de colis, Jérémy Djeffal affiche un grand sourire. « J’ai perdu ma voix »confie-t-il en riant. « Je passe mes journées à crier pour promouvoir le commerce. » S’il est sur le terrain pour vendre ses produits avec ses deux associés, c’est en coulisses, dans le développement commercial et la communication, que cet homme d’affaires travaille le plus souvent. En tant que dirigeant du groupe Salan, il avait déjà à l’époque connu «exploiter les demandes du CPF (Compte formation professionnelle)» avec son centre de formation.

CONTREest dans le même esprit queCe vendeur chevronné a récupéré le wagon à colis perdu il y a longtemps.environ un mois». « Dès que je vois une veine, je m’y mets et j’ouvre les vannes »il imagine. Et il faut dire que l’investisseur a eu du flair. «Ça fonctionne vraiment bien. Nous avons ouvert trois magasins permanents, l’idée serait d’atteindre rapidement dix magasins. » Le Messin confie également être « en discussion » avec la Toison d’Or de Dijon pour des locaux permanents.

Des marchés aux foires en passant par les braderies, Jérémy et ses deux associés proposent leur stock dans de nombreux endroits. « Avant-hier nous étions à Besançon, samedi nous étions à Dijon et avant cela à Luxeuil »il se souvient.

Et les résultats sont satisfaisants.« C’est incroyable, les gens se précipitent pour acheter des box. Par rapport aux autres exposants, nous attirons vraiment beaucoup plus de monde. Et pas seulement à regarder, les gens se laissent facilement tenter. Sans tenir compte des coûts liés à l’emplacement et aux charges, dans un le jour où nous faisons des sommes à cinq chiffres.

Pour s’offrir un des fameux colis perdus, vous devez payer une somme calculée en fonction du poids de l’objet. Pour 100 grammes comptez 3,50 euros et 30 euros le kilo.

En magasin aussi, les comptes sont bons : « Ça peut encore varier. Dans une bonne journée on peut gagner entre 7 000 et 9 000 euros par jour, mais parfois en semaine, c’est plus calme, on est plutôt autour des 3 000 euros. » Pour reconstituer ses stocks, plus de 6 tonnes par semaine sont achetées auprès des grossistes par Jérémy Djeffal.

Pascaline fait partie de ceux qui ont craqué. C’est en passant devant un exposant dans une allée du Grand Marché de Quetigny (Côte-d’Or) qu’elle a décidé de tenter sa chance avec les colis mystères. « J’avais déjà vu sur internet qu’on vendait des colis perdus, mais à Dijon je n’en avais jamais vu »elle commence. « Quand j’ai vu le stand, je suis allé voir par curiosité. Il y avait toutes les tailles de colis. Etant très curieux, je voulais savoir ce que les gens avaient commandé, alors j’ai senti plusieurs colis en essayant de deviner. J’ai senti des odeurs de sacs, de chaussures, pulls, etc. »

Rafraîchie par le prix au kilo, la Dijonnaise s’est finalement laissée tenter par deux petits paquets d’une valeur d’environ 13 euros. Finalement, c’est avec déception qu’elle découvre des autocollants pour les ongles et un gyrophare de voiture. « Je n’ai pas trouvé là ce que je cherchais, mais je suis quand même content de l’expérience »elle admet. « Le concept est bien pour les curieux comme moi. Mais d’un autre côté c’est hyper cher, si c’est toujours les mêmes prix je ne réessayerai pas. »

Il faut être réaliste, on sait que ça ne durera pas éternellement. Par rapport à ce que j’ai prévu, si cela dure jusqu’en décembre prochain, ce serait déjà très bien pour nous.

Jérémy Djeffal

investisseur et dirigeant du groupe Salan

En décryptant le succès de cette entreprise, Jérémy Djeffal insiste : « C’est clairement une mode. Je pense que ça plaît beaucoup à ceux qui aiment les casinos ou les jeux de grattage. Les gens peuvent sentir, peser… Mais surtout pas ouvrir ! Sinon il n’y a plus d’intérêt. Je pense que les gens aiment cette sensation de risque, de surprise, en faisant confiance à leur instinct.

Sur les réseaux sociaux, entre les internautes qui exposent leurs découvertes et ceux qui recherchent une vente de colis perdus, d’autres partagent leurs soupçons sur cette pratique. « Presque tous ont du ruban adhésif marron, comme s’ils avaient été ouverts. »souligne notamment Sandra sur Facebook.

Selon l’investisseur messin, là où certains prétendent jouer le jeu, d’autres exploitent cette tendance avec de mauvaises intentions. « Dans l’industrie, certains fabriquent des colis préfabriqués »explique Jérémy Djeffal. « On les reconnaît assez facilement. Ce sont des enveloppes grises avec très peu d’étiquettes. Ceci est très différent des vrais emballages qui sont généralement constitués de carton avec de nombreuses étiquettes prouvant le voyage parcouru. Dans ces faux colis, les escrocs mettent de la merde et les vendent à un prix réduit par rapport aux vrais colis. C’est ainsi que nous pouvons les reconnaître.

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De son côté, Jérémy Djeffal soutient que cela reste « une loterie ». « On trouve vraiment de tout, du moins cher au plus cher. » Photo à l’appui, il exhibe notamment les trouvailles de ses clients : téléphones, consoles ou encore enceintes connectées… Si certains veulent aller le vérifier par eux-mêmes, de nombreux centres commerciaux accueillent des pop-up stores, comme à Chalon-sur-Saône. du 6 au 8 juin à La Thalie.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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