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En Ukraine, pourquoi l’élargissement de la mobilisation pose-t-il autant de problèmes ?

Un soldat ukrainien creuse une tranchée près de Klichchiivka, dans la région de Donetsk, le 18 mars 2024.

Même si les alliés de l’Ukraine livraient toutes les armes promises, « nous n’avons pas les hommes pour les utiliser »a reconnu, fin septembre, un membre de la délégation de Volodymyr Zelensky, interrogé par Le magazine Timelors de la visite du chef de l’Etat ukrainien à Washington.

Depuis l’automne, le constat est sans appel : épuisée et sérieusement épuisée, l’armée ukrainienne a besoin au moins autant de troupes fraîches que de munitions, ne serait-ce que pour maintenir ses positions puisque, depuis l’échec de la contre-offensive lancée l’été, il n’est plus question de reconquête. Mobiliser davantage est devenu un impératif, reconnu par l’état-major comme par la société civile et la sphère politique. Mais c’est aussi un sujet explosif, comme le montrent les atermoiements du pouvoir et la lenteur des débats parlementaires sur le sujet.

Deux ans après le début de l’invasion russe, l’élan patriotique des premiers jours, qui avait propulsé les effectifs militaires côté ukrainien de 260 000 à 700 000 hommes, s’essouffle et l’armée peine à recruter.

L’ampleur des pertes militaires, que Volodymyr Zelensky estimait à 31 000 fin février, alors que le New York Times Les chiffres de 70 000 tués et 120 000 blessés sont avancés en août, ce qui freine largement les enthousiasmes, tout comme l’immobilité du front. Rares sont ceux qui sont prêts à aller se cacher des mois dans les tranchées, sans autre objectif que de résister coûte que coûte aux assauts d’une armée russe mieux armée et dont les effectifs semblent, sinon inépuisables, du moins très supérieurs.

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En août, Oleksii Reznikov, alors ministre de la Défense, assurait qu’aucune mobilisation supplémentaire n’était nécessaire et se contentait de prôner une rationalisation du recrutement. Mais la pénurie est devenue évidente à la fin de l’été. «C’est la raison pour laquelle les brigades appartenant au groupe Tavria (déployé sur le front de l’Est) n’étaient plus en mesure de poursuivre l’offensive à partir de septembre-octobre 2023 et n’étaient capables que de défendre »écrit le Centre d’études orientales (CES) de Varsovie, dans un rapport sur le sujet.

Désorganisation et corruption

À cette pénurie s’ajoute l’épuisement des troupes déployées depuis deux ans qui, faute de remplaçants, restent de plus en plus longtemps en première ligne. « Il n’est pas rare que des pelotons soient composés de quelques soldats seulement et des compagnies de moins de 50 personnes (moins de la moitié de leur effectif total). Selon la réglementation, cela devrait entraîner leur repliement automatique vers l’arrière. Dans la situation actuelle sur le front, ces sous-unités ne peuvent généralement pas être relevées. Les commandants sont ainsi contraints d’exiger de leurs subordonnés qu’ils servent plus longtemps, réduisant ainsi le temps disponible pour le sommeil, les repas et l’hygiène de base.rapporte le CES.

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