en Ukraine, le fatalisme des villageois proches de la ligne de front
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en Ukraine, le fatalisme des villageois proches de la ligne de front

en Ukraine, le fatalisme des villageois proches de la ligne de front

Les Ukrainiens vivent la guerre au quotidien et certains finissent par en oublier le danger. Une forme de fatalisme visible particulièrement dans l’est du pays, comme chez ce pêcheur qui vit dans un village à six kilomètres de la frontière russe.

Article rédigé par

Agathe Mahuet- Jérémy Tuil et Yashar Fazylov

Radio-France

Publié


Temps de lecture : 2 minutes

Mykola Alexandrovitch a posé son tabouret et sa vieille canne à pêche à son endroit préféré au bord de la rivière, malgré le bruit lointain des bombardements. « On s’y est habitué. C’est tous les jours ! Il y a une semaine, j’étais assis là, et il y a eu huit frappes sur le village. Des maisons ont été détruites. J’ai trouvé un énorme morceau de missile dans mon potager »il dit.

Les Ukrainiens vivent la guerre au quotidien, et certains finissent par oublier le danger en voyant passer des missiles au-dessus de leurs têtes. Une forme de fatalisme visible particulièrement dans l’est du pays, comme dans ce village de Voltchansk, à six kilomètres de la frontière russe.

Le pont effondré dans la rivière, à 100 mètres de Mykola, fait partie du paysage de Mykola. Ce sont les Ukrainiens qui l’ont fait exploser il y a deux ans, pour ralentir l’ennemi, lorsque les Russes sont entrés ici. L’homme de 73 ans explique que la pêche, c’est apaisant. Il sort des vers de sa petite boîte jaune, impassible malgré les tirs. Celles-ci semblent venir d’Ukraine, et frappent la Russie. « C’est tout presdit Mykola. Chaque fois que je compte. D’abord le coup de feu et six secondes plus tard il y a l’explosion. »

« Nous maudissons tous cette guerre »

A force d’attendre des heures au bord de sa rivière pour manger un morceau, Mykola est devenu presque un spécialiste. « Quand c’est le mortier que les Russes envoient, ça siffleindique l’Ukrainien. Si c’est un missile, d’abord on entend le départ, puis le missile s’envole. On entend comme un avion qui passe et finalement l’explosion. »

La bouche pleine de couronnes d’or, l’ancien policier explique qu’il pourrait aller vivre à Kharkiv mais qu’il ne veut pas partir et abandonner ce qu’il a dans son village. Regardant vers la frontière, il est soudain ému : « Qu’est-ce que cette guerre apporte ? Pour nous, pour eux ? De chaque côté il y a des mortsdit-il en ravalant un sanglot. C’est difficile d’en parler. Nous maudissons tous cette guerre. J’ai mon petit-fils, il a 26 ans années. Il est là depuis déjà trois ans. Où est-il maintenant ? Je ne sais pas. »

A ses pieds, dans un sac plastique, trois gardons fraîchement pêchés bougent encore. Les poissons ont-ils peur de la guerre ? « Non ! » Mykola répond. Et lui ? « Je m’en fiche. J’ai déjà vécu ma vie ! Si je meurs maintenant, ce sera le destin. Il n’y a pas moyen d’y échapper. C’est la vie, comme on dit ! »

Le rapport de nos envoyés spéciaux à Volchansk (Ukraine)

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