en Ukraine, « la paix ne peut revenir que si l’agresseur renonce à agresser »
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en Ukraine, « la paix ne peut revenir que si l’agresseur renonce à agresser »

en Ukraine, « la paix ne peut revenir que si l’agresseur renonce à agresser »

Guerre en Ukraine, conflit entre Israël et Hamas… À l’heure où les Européens peinent à trouver leur place sur la nouvelle scène internationale, Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de la Défense, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et actuel représentant personnel du Le Président de la République du Liban revient pour Ouest de la France sur la nouvelle situation mondiale et les conflits en cours.

Comment voyez-vous l’état du monde ?

Nous vivons une situation internationale extrêmement dangereuse, comme nous n’en avons pas connue depuis la Seconde Guerre mondiale. La stratégie de tension développée par plusieurs États présente des risques majeurs d’extension et d’escalade, que ce soit en Europe ou au Moyen-Orient. La réalité est que nous sommes dans un nouveau monde. D’une certaine manière, l’histoire a changé. Je parle de changement parce que nous avons changé d’époque. Bon nombre des principes fondamentaux sur lesquels repose l’organisation de la communauté internationale depuis 1945 semblent s’effondrer : le règlement pacifique des différends ; l’intangibilité des frontières et le respect de l’intégrité territoriale ; la reconnaissance du multilatéralisme pour la construction d’une paix durable et le progrès sur les grands enjeux mondiaux. La gouvernance même des Nations Unies est également profondément perturbée par le recours généralisé au droit de veto.

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La remise en cause des équilibres forgés après la Seconde Guerre mondiale semble se doubler d’une forme de défiance envers l’Occident qui dépasse les seuls régimes autoritaires…

La démocratie n’est pas l’apanage de l’Occident, contrairement à ce que certains voudraient faire croire. Les grandes démocraties jouent un rôle croissant, comme le Brésil et l’Inde. Le fait qu’ils ne soient pas toujours « alignés » sur le G7 ou sur l’Europe n’en fait pas des adversaires de la démocratie ou du droit. L’idéologie véhiculée par la Chine et la Russie est complètement différente.

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La paix est-elle aujourd’hui une option audible dans le conflit déclenché par la Russie en Ukraine ?

Il y a un attaquant et un attaqué. La paix ne peut revenir que si l’agresseur renonce à l’agression et à ses ambitions contraires au droit international. Il est plus que normal que les Ukrainiens défendent leur patrie, leurs territoires. Le monde traverse une époque où certaines puissances ont une conception décomplexée du recours à la violence armée. Si à cela se conjugue la paralysie des instances internationales chargées du maintien de la paix, la brèche est ouverte pour un temps de guerre. Le soutien à l’Ukraine est aussi la garantie de nos libertés.

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Six mois après l’attaque de l’organisation terroriste Hamas contre Israël, la paix semble toujours peu probable. Quels sont les itinéraires possibles ?

L’attaque du 7 octobre constitue le plus grand massacre antisémite depuis la fin de la guerre. Mais l’hyperviolence aveugle utilisée depuis par le gouvernement Netanyahu nuit à long terme à la sécurité d’Israël et menace la stabilité de la région en augmentant le risque d’extension du conflit. Nous le voyons clairement aux frontières nord du Liban, même en Syrie, au sud dans la mer Rouge, à l’est avec l’Iran. Et le flou des objectifs de la guerre alimente une logique de guerre sans fin. Les chemins vers la paix sont connus : la libération des otages, l’accès à l’aide humanitaire et la relance d’un processus politique pour établir une relation entre deux États vivant en sécurité. . Il n’y a pas d’autres solutions.

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Dans ce grand aggiornamento des équilibres mondiaux, quelle est la place de l’Europe ?

L’Union européenne a été créée pour ancrer la paix sur un continent ravagé en moins d’un siècle par deux guerres mondiales. Cela passe aujourd’hui par une nouvelle affirmation de sa souveraineté dans des domaines jusqu’alors peu développés : la politique de défense et la politique industrielle. Elle ne doit pas dépendre, pour sa sécurité, du choix électoral de telle ou telle circonscription, de telle ou telle. un tel État fédéré américain – puisque les élections majeures qui s’y déroulent ne tiennent qu’à un fil. Et, au sein de l’Alliance atlantique, l’Europe doit peser de tout son poids en assumant mieux et davantage sa part de sa sécurité.

S’il existe un doute sur l’avenir de l’engagement américain en Europe, et ce doute est alimenté par les déclarations de Donald Trump, nous devons être forts au sein de l’Alliance. L’Ukraine se bat pour sa liberté et son indépendance. 80 ans après leur libération, les Européens sont unis, contrairement à ce que Poutine aurait pu imaginer. Et l’Europe apprend aussi dans le domaine industriel, notamment face à la Chine, pour faire respecter ses intérêts. Ce sont de nouveaux développements qui devraient donner de l’espoir.

mercredi 10 avril 2024, de 18h à 22h, à l’Espace Bonne Nouvelle de la basilique Saint-Aubin, place Sainte-Anne, à Rennes. Entrée gratuite avec inscription en ligne sur le site www.helloasso.com Renseignements : tél : 02 99 38 84 10.

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