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En Ukraine, la mobilisation se déroule aussi dans la clandestinité

Les mines de charbon alimentent les centrales thermiques du pays. Reportage à 510 mètres de profondeur.

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Dans cette mine entre Dnipro et Pokrovsk (Ukraine), les mineurs travaillent 24h/24 pour alimenter en charbon les centrales thermiques (MATHILDE DEHIMI / RADIO FRANCE)

Depuis mars, l’armée russe mène des frappes ciblées sur des centrales thermiques et hydroélectriques pour perturber le quotidien des habitants et l’approvisionnement des soldats ukrainiens. Le charbon qui alimente ces centrales est d’autant plus précieux, mais les mines souffrent elles aussi du manque d’électricité.

Oleg ajuste la lampe de son casque pour mieux distinguer les silhouettes au loin. Une poussière noire colle à ses tatouages, dans cette mine entre Dnipro et Pokrovsk. Juste au-dessus de lui, un tuyau évacue le grisou. « Là, nous faisons un travail dangereux, nous déplaçons le convoyeur blindé et les machines électriques que nous utilisons dans cette galerie de tête. » Oleg rampe à plat ventre jusqu’à la taille. À plusieurs kilomètres sous terre, l’électricité est une denrée précieuse. « Ce sont deux transformateurs secs, qui reçoivent une tension de 6 000 volts réduite à 660. Celle-ci va aux moteurs de la tondeuse et du convoyeur et au système de gestion ».

Les mineurs travaillent 24 heures sur 24 pour alimenter en charbon les centrales thermiques. Les grèves russes ont déstabilisé le réseau électrique et c’est une course contre la montre pour réduire les coupures quotidiennes, explique Denis. « Là-bas, les gars se battent en première ligne ; ici, nous nous battons pour l’électricité, nous défendons notre pays. »

Mais la guerre et les coupes budgétaires ont rendu le travail des mineurs encore plus dangereux. En novembre, il en restait 300 sous terre, se souvient Anatoli, l’ingénieur en chef. « Les mineurs devaient marcher dix kilomètres dans les galeries sans ventilation. Il y a de l’oxygène mais sans renouvellement d’air, on a du mal à respirer. Ensuite, ils sortaient en grimpant 180 mètres à l’échelle. »

Les pompes se sont également arrêtées brutalement. Quatre heures supplémentaires de coupures de courant ont suffi pour que la mine soit complètement inondée, une catastrophe environnementale et sociale évitée de justesse.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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