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En Turquie, les survivants du séisme apprennent par SMS la fin des aides gouvernementales au logement

Un an et demi après les séismes qui ont fait plus de 50 000 morts dans le sud-est du pays et rasé des villes entières, les besoins sont toujours colossaux.

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Des bâtiments se sont effondrés après le tremblement de terre à Antioche, dans le sud-est de la Turquie.  (MARIE PIERRE VEROT / FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Un simple SMS. En Turquie, les victimes du tremblement de terre Mortel du 5 au 6 février 2023 Les personnes toujours dans la rue ont appris par un message envoyé sur leur téléphone que l’aide mensuelle qu’elles recevaient depuis la catastrophe prendrait fin en juin. Un an et demi après les tremblements de terre qui ont fait plus de 50 000 morts dans le sud-est du pays et rasé des villes entières, les besoins sont toujours colossaux. Des centaines de milliers de personnes sont toujours dans des conteneurs, sous des tentes, dans la rue, sans toit… Et l’été n’apporte aucun répit, avec sa chaleur torride et le manque cruel d’eau.

Les 5 000 livres par mois, soit environ 150 euros, constituaient ainsi un complément indispensable à ceux qui avaient tout perdu, leurs proches, leur maison, leur travail, leur voiture. Cela représente parfois jusqu’au tiers ou la moitié du loyer. Et c’est par un simple SMS qu’Afad, l’organisme qui gère les catastrophes, a informé les locataires que l’aide reçue en juin serait la dernière. Comme toujours, le message se termine ainsi :Qu’Allah sauve notre nation et notre État de toutes les catastrophes.« , une ironie cruelle dans cette affaire.

Pourtant, même si ce SMS a été envoyé mi-juin, la colère ne s’est pas calmée depuis. Parce que le gouvernement turc avait promis que l’aide serait versée jusqu’à la livraison des nouvelles maisons. Or, moins de 10 % des logements promis ont effectivement été construits, tonne l’opposition. Il lancera, dit-il, la plus grande offensive jamais connue en Turquie sur les loyers si les aides ne sont pas rétablies. Mais les finances turques sont dans un très mauvais état et l’Afad précise que cette aide exceptionnelle est une première et qu’elle était promise pour 12 mois.

Le président du CHP, le Parti républicain du peuple, Özgur Özel était cette semaine en tournée dans la région, notamment à Malatya. « Iciil est indigné, 94% des gens sont encore à la rue ! Ils s’abritent dans des tentes, des conteneurs ou ont dû déménager ailleurs pour trouver un toit.t ». Sur les 100 000 maisons promises à Malatya, seules 7 000 ont été livrées, ajoute-t-il. Antioche, presque rasée le 6 février 2023, ressemble encore à une immense ville à conteneurs. L’association des victimes précise que là aussi seulement 10 % des logements promis ont effectivement été construits et souvent, ajoute l’association, sans même que les infrastructures d’accès ou les raccordements soient réalisés.

On ne sait pas non plus si les aides accordées aux propriétaires de maisons détruites ou gravement endommagées continueront à être versées. D’un montant de 7.500 livres turques, celui-ci devrait être maintenu, mais pas celui accordé, jusqu’à présent, aux simples locataires. Cependant, les loyers dans la région ont triplé. Les victimes disent ne plus pouvoir dormir, comme cette jeune femme qui a réussi à économiser 1 000 livres chaque mois sur les aides reçues. L’argent économisé devait lui servir à lui rendre hommage sur la tombe de son fils, qu’elle a perdu dans le tremblement de terre et qui est enterré à plusieurs centaines de kilomètres cet été. Elle demande maintenant : « Que vais-je faire ? Dois-je payer mon loyer ou aller sur la tombe de mon fils ?« 

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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