Pour être tout à fait honnête, nous ne nous attendions pas à ce que Recep Tayip Erdogan accepte avec autant d’humilité la défaite de son camp aux élections municipales en Turquie. Son parti, l’AKP, a été battu dimanche dernier.
« Nous éviterons de nous entêter, d’agir contre la volonté nationale et de remettre en question le pouvoir de la Nation. » a déclaré celui qui dirige le pays depuis 2003 (d’abord comme Premier ministre puis comme chef de l’Etat).
On ne s’y attendait pas en raison de la dérive autoritaire du président turc.
L’échec du putsch de 2016 a notamment contribué à éloigner la Turquie des normes démocratiques.
Comme tous les autres autocrates, Erdogan semblait destiné à récolter des victoires électorales sans grande surprise car plus ou moins fermées. Il n’y aurait donc aucune fatalité en la matière.
S’il y a un perdant, c’est parce qu’il y a un gagnant : le Parti républicain du peuple, d’inspiration kémaliste (Mustafa Kemal Atatürk, le père de la nation turque). Un parti arrivé premier dans les trois plus grandes villes du pays, et désormais majoritaire en nombre de voix.
« Le déclin de la démocratie est enfin terminé» s’est vanté l’un de ses dirigeants, Ekrem Imamoglou, le maire reconduit d’Istanbul. La jeunesse turque, en tout cas, a démontré son attachement à la laïcité, face à un président islamiste.
Peut-on dire pour autant que cette élection marque le début de la fin pour Recep Tayip Erdogan ?
Le président turc a traversé bien d’autres tempêtes par le passé, comme les manifestations de Gezi en 2013. Surtout, son mandat court jusqu’en 2028.
D’ici là, c’est lui qui continuera d’incarner son pays et de présider aux destinées de la Turquie. Il va falloir s’en contenter.
Cette défaite aux élections municipales est-elle un désaveu significatif pour Erdogan ?