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En Tunisie, les avocats en grève pour protester contre l’arrestation violente de leur collègue Sonia Dahmani

Des avocats lors de la manifestation contre l'arrestation de Sonia Dahmani, devant le palais de justice de Tunis, le 13 mai 2024.

Les avocats tunisiens ont observé lundi 13 mai une grève dans tous les tribunaux du pays pour protester contre l’arrestation d’un de leurs confrères au siège du barreau, selon l’Ordre national des avocats de Tunisie (ONAT). « La grève a été respectée à 100% »Laroussi Zguir, président de la section du barreau de la capitale, l’a déclaré à la presse.

Cette mobilisation a été décidée après l’arrestation de force, samedi soir, de l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani dans les locaux de l’ONAT à Tunis, où elle s’était réfugiée après sa convocation au tribunal pour des propos qu’elle avait tenus à la télévision.

Lors d’une émission diffusée le 7 mai, Mmoi Dahmani avait lancé sur un ton ironique « De quel pays extraordinaire parlons-nous ? », en réponse à un autre chroniqueur qui venait d’affirmer que des migrants venus de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne cherchaient à s’installer en Tunisie. Un juge d’instruction a délivré un mandat de dépôt contre M.moi Dahmani sans qu’elle soit interrogée, a déclaré son avocate, Dalila Msaddek. « Le juge a estimé que les conditions au sein du tribunal n’étaient pas favorables à la tenue de cette audience »ajouta l’avocat.

Deux autres chroniqueurs arrêtés

Dénoncer un « une justice aux ordres »des dizaines d’avocats ont manifesté dans la matinée devant ce même tribunal – le tribunal de première instance – pour exiger la libération « immédiat » de Mmoi Dahmani, ont souligné les journalistes de l’Agence France-Presse.

Samedi, des policiers en civil et cagoulés sont entrés dans le siège de l’ONAT à Tunis, s’en prenant à des avocats et des journalistes avant d’arrêter M.moi Dahmani, d’après vidéos et témoignages. Selon ses avocats, la chroniqueuse fait l’objet d’une enquête notamment pour diffusion « fausses informations visant à nuire à la sécurité publique » Et « incitation au discours de haine »en vertu du décret-loi 54.

Ce décret, promulgué en septembre 2022 par le président Kaïs Saïed, punit quiconque utilise les réseaux d’information et de communication pour « écrire, produire, diffuser (Ou) diffuser de fausses nouvelles (…) dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou de nuire à la sécurité publique ».

Dans la nuit de samedi à dimanche, deux autres chroniqueurs de renom ont également été arrêtés en vertu de ce texte, pour des déclarations dans les médias. Un juge d’instruction a prolongé leur détention provisoire de quarante-huit heures.

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Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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