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En Tunisie, le président Kaïs Saïed réélu avec 90,7% des voix

Farouk Bouasker, président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), annonce les résultats de l'élection présidentielle lors d'une conférence de presse à Tunis, le 7 octobre 2024.

Le président sortant Kais Saied, accusé par la société civile de « dérive autoritaire »a été réélu à une écrasante majorité de 90,7% en Tunisie, lors d’un vote dimanche « fermé » d’avance et marqué par une abstention record.

M. Saied a obtenu les voix d’un peu plus de 2,4 millions d’électeurs sur 9,7 millions inscrits, a annoncé lundi l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Le taux de participation s’est établi à 28,8%, le plus bas depuis l’avènement de la démocratie en 2011 dans ce pays d’Afrique du Nord de 12 millions d’habitants, berceau du Printemps arabe, après le renversement du dictateur Ben Ali.

Le vote a été « fermé » pour une victoire « haut la main » de M. Saied, prédit l’expert Michaël Ayari de l’International Crisis Group. Seuls deux concurrents – des seconds couteaux – ont été autorisés à se présenter sur dix-sept initialement, après l’élimination des plus forts rivaux de M. Saied.

Ayachi Zammel, un industriel libéral de 47 ans, n’a obtenu que 7,35% des voix, et Zouhair Maghzaoui, ancien membre de la gauche panarabe, n’a obtenu que 1,97%.

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Processus « déformé »

M. Saied, 66 ans, « conserve sa base électorale »L’analyste tunisien Hatem Nafti a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP), même s’il a perdu plus de 300 000 voix par rapport à 2019, lorsque ce professeur de droit constitutionnel, novice en politique, est devenu président à la surprise générale avec 73% des voix et une participation de 58%.

Après la diffusion dimanche soir d’estimations le donnant largement vainqueur, plusieurs centaines de ses partisans sont descendus l’acclamer sur la grande avenue de Tunis, à coup de klaxons et de chants patriotiques. Mais les jeunes, très mobilisés il y a cinq ans, ont déserté les urnes, avec 6% d’électeurs dans la tranche d’âge entre 18 et 35 ans, selon les chiffres donnés dimanche par l’ISIE, contre une participation de 65%. chez les 36-60 ans. « La légitimité de l’élection est entachée »a estimé M. Nafti, soulignant que « Les candidats susceptibles de faire de l’ombre à M. Saied ont été systématiquement exclus ».

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Le dépôt des candidatures s’apparentait à une course du combattant avec un nombre élevé de parrainages requis, l’emprisonnement de candidats potentiels connus et l’éviction par l’ISIE de concurrents véritablement dangereux pour M. Saied. Des ONG tunisiennes et étrangères dénoncent une autorité électorale « ayant perdu son indépendance » et un processus « biaisé en faveur de M. Saied ».

L’Union européenne a déclaré qu’elle avait « pris note » critiques de différentes ONG et opposants « concernant l’intégrité du processus électoral » Et « diverses mesures jugées préjudiciables aux exigences démocratiques de crédibilité » du scrutin.

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« Dérive autoritaire »

M. Zammel n’a pas pu faire campagne car il est emprisonné depuis début septembre et a déjà été condamné à trois reprises à plus de quatorze ans de prison pour falsification présumée de parrainage. M. Maghzaoui, aligné sur l’idéologie souverainiste de M. Saied, a été pénalisé par son soutien au coup d’Etat du président en juillet 2021 lorsqu’il s’est emparé des pleins pouvoirs pour, dit-il, rétablir l’ordre.

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L’opération a été largement applaudie par une population lassée des querelles parlementaires et des difficultés économiques, dont M. Saied accusait le « des hommes politiques corrompus » financé par « puissances étrangères »ayant dominé la décennie de la démocratie, visant principalement le mouvement islamo-conservateur Ennahdha.

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Mais au lieu de relancer la croissance pour lutter contre un chômage endémique qui alimente les flux d’émigration vers l’Europe, le président a consacré son énergie, selon l’opposition et les ONG, à réprimer la société civile de manière « dérive autoritaire ».

Depuis le printemps 2023, plus d’une vingtaine d’opposants, dont le leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, et la nostalgique passionnaria de l’ère Ben Ali, Abir Moussi, ont été emprisonnés. Ces derniers mois, des syndicalistes, des avocats, des chroniqueurs politiques et des défenseurs des droits des migrants se sont également retrouvés en prison.

Hatem Nafti craint un nouveau durcissement du pouvoir après « le couronnement de M. Saied » qui a repris dimanche ses slogans favoris, annonçant sur un ton martial, vouloir «continuer la Révolution de 2011» construire « un pays débarrassé des corrompus et des complots ».

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Eleon Lass

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