Les nouvelles les plus importantes de la journée

En Suède, la crainte d’une extension du conflit ukrainien est de plus en plus palpable

Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, la Suède a exhorté à plusieurs reprises sa population à se préparer, tant mentalement que logistiquement, à l’éventualité d’une guerre sur son territoire. Cette menace est désormais assez marquée dans la société.

Publié


Temps de lecture : 4min

Un soldat suédois à bord d'un engin d'assaut rapide montré lors d'une visite, avec le Premier ministre, à la base militaire de Berga dans le cadre d'un accord de soutien à l'Ukraine, Suède, le 20 février 2024. (Jonathan NACKSTRAND / AFP)

La Russie est très proche Suèdetant dans les esprits que sur le plan géographique. Au sein de la population, on ressent désormais une réelle différence dans la manière d’appréhender le conflit en Ukraine, par rapport à l’Europe occidentale. L’île suédoise de Gotland se trouve à seulement 300 kilomètres de l’enclave russe de Kaliningrad. Cette île est clairement devenue le « hot spot » de la Suède. De nouveaux soldats y affluent presque chaque jour.

DDepuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, la Suède s’est largement remilitarisée. Le service militaire obligatoire, mais sélectif, a été réactivé en 2017 et le budget consacré à la défense du pays a doublé, tout comme le sera la taille des forces armées d’ici 2030.

Le 18 novembre, les Suédois ont tous reçu une brochure de 32 pages leur expliquant quoi faire en cas de crise ou de guerre. Ils doivent notamment pouvoir survivre de manière autonome pendant une semaine à la maison. « Quand j’ai reçu la brochure, je me suis dit qu’il était vraiment temps de faire le plein de l’essentiel« , explique une femme. Beaucoup ont déjà fait des réserves de conserves, de bidons d’eau, de sacs de couchage, de radios alimentées par piles et même de masques et combinaisons anti-radiations. D’autres s’approvisionnent petit à petit. « La guerre est si proche de nous, on ne peut plus dire qu’elle n’arrivera jamais ici« , s’inquiète une autre femme.

Cela paraît un peu survivaliste mais c’est fortement recommandé par le gouvernement. C’est devenu un peu une plaisanterie en Suède, si quelque chose ne fonctionne plus, on dit que ce sont les Russes qui attaquent. C’est dit avec humour mais cela prouve que cette menace est toujours présente au fond de nos esprits. Ce qui est sûr, c’est que cette petite brochure jaune, aimablement déposée dans la boîte aux lettres, rend la menace russe presque palpable.

Le pays nordique a mis fin à deux siècles de non-alignement militaire après le déclenchement de la guerre en Ukraine en rejoignant l’Otan le 7 mars 2024. Jusqu’alors, le pays était aussi connu pour ses boulettes de viande que pour sa neutralité. Mais il devenait trop dangereux pour la petite Suède, comme beaucoup l’appellent ici, de rester seule et isolée en Europe. À partir du moment où le royaume a postulé, les cyberattaques en provenance de Russie ont explosé.

C’est pour cette raison que les autorités insistent sur le terme « guerre hybride » dirigé par Moscou. Des attaques menées sur tous les fronts, notamment celui de la mer Baltique où, il y a une semaine, des câbles de télécommunications ont été rompus entre la Suède et la Lituanie, et entre la Finlande et l’Allemagne. Sabotage russe ou pas ? Nous n’aurons peut-être jamais la réponse, comme ce fut le cas avec Nord Stream.

Au plus fort de la guerre froide, la Suède a acquis un certain nombre de bunkers. On en compte aujourd’hui 65 000, soit de quoi loger sept millions de personnes sur les 10 millions d’habitants que compte le pays. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé en début d’année qu’il consacrerait 33 millions d’euros supplémentaires au renforcement de ses abris anti-atomiques.

Puis, historiquement, les sous-marins soviétiques puis russes hantaient les eaux suédoises, tout comme les avions violant l’espace aérien suédois. Il y a aussi cette histoire d’un béluga soupçonné d’être un animal espion russe. Il a été aperçu pour la première fois en Norvège avec un mystérieux harnais sur le dos équipé d’un support d’appareil photo sur lequel était écrit « Equipment St. Petersburg ». On n’a jamais su s’il s’agissait réellement d’un animal espion, cependant, la Suède traque de véritables espions très actifs sur son territoire.

Quitter la version mobile