C’est une capacité étonnante que possèdent certains animaux sauvages. L’écholocation, ou écholocation, consiste à mettre des sons (souvent des ultrasons, c’est-à-dire des sons inaudibles à l’oreille humaine) et écouter l’écho qui revient lorsqu’ils rencontrent un obstacle. Les chauves-souris l’utilisent par exemple pour naviguer dans l’obscurité totale, chasser ou repérer des obstacles en vol. Les dauphins et les baleines émettent des clics qui leur permettent de détecter les poissons et autres animaux marins, même dans les eaux troubles.
Certains êtres humains, notamment les personnes aveugles ou malvoyantes, ont développé une forme d’écholocation naturellement leur permettant de se déplacer grâce aux sons produits par leurs pas ou par les objets qu’ils rencontrent. Une forme de superpuissance ? Pas tellement, si l’on en croit cette étude réalisée par l’Université de Durham, qui a démontré qu’en dix semaines d’entraînement, le cerveau humain peut développer cette capacité à « vois avec tes oreilles « .
Un protocole d’apprentissage structuré et accessible
La neuroscientifique Lore Thaler et son équipe ont mené cette recherche en collaboration avec 26 participants, dont 12 aveugles et 14 voyants. Ceux-ci ont été soumis à un programme de formation de deux à trois heures deux fois par semaine. Les chercheurs ont d’abord appris aux participants à produire des clics avec leur langue, avant de les confronter à trois types d’exercices.
Les deux premiers visaient à identifier la taille et l’orientation des objets, tandis que le troisième les plongeait dans des labyrinthes virtuels où ils devaient se déplacer à l’aide de sons d’écho simulés correspondant à leurs positions. Pour Thaler, l’expérience visait à prouver que la communauté scientifique as’était peut-être trompé de route concernant cette faculté d’écholocation. » On a longtemps pensé que le cerveau des personnes aveugles fonctionnait différemment, qu’il fallait perdre la vue pour que cette neuroplasticité se développe. », explique-t-elle.
Quand le cerveau perturbe les frontières sensorielles
Les résultats des scanners cérébraux effectués avant et après le protocole d’entraînement ont révélé des transformations inattendues. Les deux groupes ont démontré une augmentation de l’activation du cortex auditif et une densification de la matière grise dans les zones auditives après 10 semaines.
Autre fait surprenant, le cortex visuel des participants, qu’ils soient voyants ou non, a commencé à réagir aux échos sonores. Preuve que le cerveau des participants développé une nouvelle façon d’interpréter les sons en mobilisant les régions normalement dédiées à la vue.
Cette découverte remet en question l’idée selon laquelle les régions sensorielles primaires seraient exclusivement dédiées à un sens spécifique, comme l’explique Thaler. Selon le scientifique, cette zone du cerveau, le cortex visuel, ne se contente pas simplement de traiter des données visuelles. Elle pourrait aussi intégrer les informations provenant de différents sens pour améliorer notre proprioception. C’est-à-dire notre disposition à nous situer dans l’espace et à prendre conscience de notre corps ; une forme de GPS interne en quelque sorte.
Des bénéfices concrets pour l’autonomie
L’équipe a également mené une enquête de suivi post-entraînement. Trois mois plus tard, 83 % des participants aveugles ont déclaré une nette amélioration de leur autonomie et de leur bien-être. Pour Santani Teng, psychologue au Smith-Kettlewell Eye Research Institute de San Francisco, ce retour d’expérience est très encourageant. » Cette étude confirme que cette capacité, souvent considérée comme exceptionnelle, est en réalité accessible et peut se développer grâce à l’entraînement, que l’on soit voyant ou aveugle. « .
Face à ces résultats prometteurs, l’équipe de recherche travaille actuellement à diffuser plus largement ce programme de formation. Pour Thaler, l’écholocation est UN » outil sensoriel puissant pour les personnes malvoyantes « . Celle-ci serait donc accessible à tous, grâce à une formation adaptée. Il est possible de tirer deux autres enseignements supplémentaires de ces recherches. Le premier est que notre cerveau est beaucoup plus malléable qu’on le pensait ; il est capable de se réorganiser et de créer de nouvelles connexions neuronales tout au long de la vie, même à l’âge adulte. La seconde, peut-être la plus importante, est que les différentes zones de notre organe ne fonctionnent pas de manière isolée, puisqu’elles sont apparemment capable de communiquer et de collaborer pour traiter plus efficacement les informations sensorielles. Du point de vue des neurosciences, il s’agit d’un véritable changement de paradigme.
- Une étude a prouvé que l’écholocation peut être apprise en 10 semaines, aussi bien par les personnes voyantes que par les aveugles.
- Les résultats montrent que le cerveau peut mobiliser le cortex visuel pour interpréter les sons, brisant ainsi l’idée de régions cérébrales strictement dédiées à certains sens.
- Cette capacité améliore à terme l’autonomie des personnes aveugles et démontre également la grande flexibilité de notre organe cérébral.
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