En Pologne, de faux diplômes délivrés à des personnalités politiques du pays par une université font scandale. C’est même considéré comme le plus grand scandale de l’histoire de l’éducation nationale du pays.
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De notre correspondant à Varsovie, Martin Chabal
Cette université privée de Pologne propose des formations pour obtenir un diplôme de MBA, c’est-à-dire un Maîtrise en administration des affaires. Il porte le même nom en français, mais on pourrait le traduire par « master en administration des affaires », diplôme de formation en gestion d’entreprise. Ces diplômes ont été délivrés dans des conditions douteuses et notamment à des personnalités politiques du parti Droit et Justice, le parti populiste au pouvoir depuis huit ans. Mais aussi aux membres de la nouvelle coalition gouvernementale.
Le hasard a voulu que le PiS, le parti Droit et Justice, ait modifié, lorsqu’il était au pouvoir, les règles d’accès aux postes élevés dans les entreprises publiques. Avant, il fallait passer un concours réputé assez compliqué. Avec la nouvelle règle, un simple MBA suffisait pour occuper des postes de direction dans des entreprises publiques des secteurs de l’énergie, de l’armement et de la chimie. Près d’une cinquantaine de personnes proches du parti Droit et Justice se sont retrouvées catapultées à de hautes fonctions à responsabilité une fois leur diplôme en poche.
Faux diplômes, pots-de-vin et détournements de fonds
Pour les enquêteurs, ces documents sont faux. L’université délivre ce diplôme en un seul semestre après un examen très léger comportant un questionnaire à choix multiples de trente questions. Et les cours, de mauvaise qualité, selon des témoignages dans les médias polonais, sont dispensés à distance. Mais ce n’est là que la face visible de l’iceberg. Parce que les enquêteurs disposent également de preuves selon lesquelles des responsables universitaires ont accepté des pots-de-vin de personnalités politiques en échange de diplômes.
Parfois, c’est même l’argent public qui finance la formation de certains fonctionnaires de l’État. Le fondateur et recteur de l’université privée a donc logiquement été arrêté. Il est inculpé de trente chefs d’accusation, dont corruption et détournement de fonds. Mais pour la coalition au pouvoir, ce scandale fait tache alors qu’elle tente de convaincre ses électeurs de continuer à voter pour elle pour les élections locales et européennes des prochains mois. Nous avons même des personnalités importantes du camp au pouvoir qui comptent parmi les anciens élèves de cette université. Furieux, le chef du gouvernement, Donald Tuska annoncé qu’aucun ancien étudiant du Collegium Humanum n’obtiendrait un poste dans une entreprise publique.
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