En pleine guerre froide entre Patrick Drahi et ses créanciers, la situation de SFR se dégrade
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En pleine guerre froide entre Patrick Drahi et ses créanciers, la situation de SFR se dégrade

En pleine guerre froide entre Patrick Drahi et ses créanciers, la situation de SFR se dégrade
Le propriétaire d'Altice, Patrick Drahi, lors d'une audition devant une commission parlementaire sur la concentration des médias, au Sénat, à Paris, le 2 février 2022.

Un message enregistré de dix minutes. C’est le temps consacré par la direction d’Altice France à la présentation, mardi 28 mai, des résultats du premier trimestre de l’opérateur télécoms SFR, principal actif du groupe de Patrick Drahi en France. Pas de séance de questions-réponses avec les analystes et les investisseurs comme elle le fait habituellement chaque trimestre. Trop de demandes, a-t-elle justifié, mais c’est surtout une manière de ne pas aborder le sujet qui fâche : les 24,3 milliards d’euros de dette d’Altice France.

Le 20 mars, Dennis Okhuijsen, le conseiller financier de Patrick Drahi, et son trésorier, Gerrit Jan Bakker, ont provoqué la colère des créanciers de l’opérateur en les avertissant qu’ils ne récupéreraient probablement pas la totalité des sommes prêtées. Depuis, c’est la guerre froide.

Les créanciers, pour la plupart de grandes banques et fonds d’investissement anglo-saxons, se sont organisés en signant un accord de coopération les engageant à agir d’une seule voix. De son côté, Altice France a mandaté les banques d’affaires Lazard et JP Morgan pour l’aider dans ce dossier qui s’annonce comme le nouveau grand feuilleton financier français, avec des sommes en jeu quatre à cinq fois supérieures à celles de Casino et Atos.

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Si les créanciers se rapprochent, Patrick Drahi semble prêt à jouer avec leurs nerfs. Dans son message de dix minutes, la direction annonce que XpFibre, filiale de SFR dans le déploiement de la fibre optique, a remboursé un prêt d’actionnaire à Altice France pour un montant de 223,1 millions d’euros, et que les actions de cette société ont été transférées dans une société holding dénommée  » sans restriction «  sur lesquels les créanciers n’ont aucun contrôle.

Il a fait de même avec Altice Media (BFM-TV, RMC…), la filiale audiovisuelle en cours de cession à CMA CGM et les datacenters cédés à un fonds de la banque américaine Morgan Stanley. Son message : sans aucun effort des créanciers sur la dette, l’argent restera en sécurité dans ces holdings.

Depuis 2014, 10 milliards d’euros d’intérêts

Chez Altice France, on relativise la colère des créanciers en rappelant que, jusqu’à présent, ils n’avaient aucune raison de se plaindre : depuis 2014, l’opérateur leur a versé plus de 10 milliards d’euros d’intérêts. Et avec un peu moins d’un milliard d’euros de liquidités, et sans échéance majeure d’ici 2027, Patrick Drahi pense pouvoir gagner une guerre d’usure avec des investisseurs qui n’aiment pas être ainsi coincés. Certains commencent déjà à s’impatienter. Selon Bloomberg, la Société Générale a cherché à revendre une partie de ses créances sur le marché mais n’a pas trouvé d’acquéreur.

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