Santé

En plein Octobre Rose : neuf mois pour obtenir un rendez-vous, pourquoi les délais pour une mammographie sont si longs dans les Pyrénées-Orientales

Comme partout en France, les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous et réaliser une mammographie sont très longs dans les Pyrénées-Orientales. Alors qu’Octobre rose touche à sa fin, qu’est-ce qui justifie cette situation ? Y a-t-il une lueur d’espoir pour l’améliorer ?

Mardi, cette quinquagénaire a pris rendez-vous pour une mammographie de dépistage au centre d’imagerie médicale des Pyrénées-Orientales, Radiopole. Elle devrait se présenter à la Clinique Mutuelle Catalane à la mi-juillet 2025, soit dans neuf mois. Cette jeune maman d’une trentaine d’années s’est tournée vers les villes de Narbonne ou de Montpellier pour trouver une niche. Il y a aussi cette dame elle-même issue du milieu médical qui prend désormais rendez-vous d’une année sur l’autre pour son suivi médical. D’autres ont leurs appels ou leurs connexions sur des sites Web qui restent lettre morte.

Quel que soit leur parcours thérapeutique ou leur âge, toutes ces femmes des Pyrénées-Orientales se heurtent à des obstacles incommensurables lorsqu’il s’agit de prendre un rendez-vous médical pour passer une mammographie, cet examen délicat. Une triste réalité à l’heure où la campagne Octobre Rose de sensibilisation au cancer du sein bat son plein et fait bouger les lignes et où en sont les Pyrénées-Orientales. « les champions du temps d’attente en Occitanie »rapporte le radiologue Alvian Lesnik.

900 à 1 000 appels par jour pour Radiopole

« Depuis un moment, le nombre de demandes de rendez-vous explose » les professionnels sont d’accord. « Tout est complet pour 2024. Nous attendons l’ouverture des plannings des radiologues pour 2025 »rapporte le Centre d’Imagerie Coradix regroupant huit sites dans les Pyrénées-Orientales. Donc dès qu’on ouvre une session, elle se remplit vite. Si c’est urgent, nous parvenons toujours à nous accommoder. » « À la Clinique Mutualiste Catalane, promouvoir le dépistage du cancer est dans notre ADN. On ne peut que déplorer l’inquiétude des patients. Et la demande croît plus vite que la capacité d’y répondreraconte Guillaume Gibert, le réalisateur. D’autant qu’il existe deux types de délais d’attente. »

Il explique : « Il y a d’abord celui du dépistage classique avant que le cancer ne soit symptomatique et où il est recommandé de faire une mammographie tous les deux ans. Je sais qu’il y a une attente de neuf mois. Mais en radiologie, pour tous les examens et sur les trois sites de Radiopole, on compte 900 à 1 000 appels par jour pour 50 rendez-vous sur place chaque jour. Ensuite, celui du dépistage recommandé par un professionnel de santé, comme le médecin généraliste, pour. pour lever un doute ou en cas de suspicion de symptômes, et là où il y en a, le délai peut être réduit de trois à quatre semaines car il y a toujours des créneaux réservés. Mais le problème est que de plus en plus de personnes n’en ont plus. médecin traitant. »

Pour faire de la sénologie de nos jours, il faut le vouloir

Le docteur Alvian Lesnik, également président local de la Fédération nationale des radiologues et trésorier du Centre régional de coordination du dépistage des cancers, note en outre : « Jusqu’à l’année dernière, les centres régionaux de coordination du dépistage du cancer étaient chargés d’envoyer des mailings aux femmes. Depuis le 1er janvier 2024, cette responsabilité incombe aux caisses d’assurance maladie. Il y a eu des retards et des erreurs dans la sélection des invitations qui ont créé un arriéré, mais depuis juin, la situation est revenue à la normale. »

Pour tout type de rendez-vous, «Souvent, les normes sont saturées.» Coradix a même fait face à une cyberattaque cet été, « donc c’était très difficile de nous contacter jusqu’en août »on s’en souvient là. Sans compter que le centre a fait face à des fermetures de centres d’imagerie médicale et le précise sur sa page d’accueil internet. L’un des porte-parole regrette « qu’il n’y a pas de repreneur du côté d’Aristide Briand à Perpignan par exemple, et que des établissements ont fermé. » De plus, « Il y a beaucoup de mouvements parmi les radiologues, il y a des départs à la retraite. » « Et de moins en moins de médecins pratiquent des mammographies, préférant la tomodensitométrie et l’IRM », regrette le docteur Alvian Lesnik qui ne voit une amélioration de la situation que vers 2023. Par ailleurs, « Il y a peu de sites de formation, peu de centres hospitaliers universitaires, à la mammographie. De nos jours, pour traiter le cancer du sein, il faut le vouloir. Alors que « Dans notre service, les soins fonctionnent très bien car les professionnels du cancer travaillent dur. Nous sommes aisés. L’accès aux thérapies privées ou publiques n’est pas lent. »

En chiffres

  • En diagnostic, on recense 500 à 600 nouveaux cas de cancer du sein par an dans les Pyrénées-Orientales toutes tranches d’âge confondues.
  • En 2023, dans le cadre du dépistage des femmes âgées de 50 à 75 ans mais asymptomatiques, sans facteurs de risque personnels ou familiaux : sur plus de 19 000 dépistages, 200 cancers du sein ont été retrouvés dans le département.
  • Entre 50 et 60 radiologues sont actifs au P.-O. mais seulement une quinzaine d’entre elles font une mammographie.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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