« En Occitanie, soyons les premiers à muter »
Quelles sont les conséquences économiques de la sécheresse sur le tourisme régional ?
La communication au niveau national a certes effrayé une partie de la clientèle, il y a eu une baisse des réservations, mais le retard se rattrape. Nous ne sommes pas trop loin par rapport à l’an dernier, même si j’ai entendu le patron de l’hôtellerie des Pyrénées-Orientales dire le contraire.
Ce qui m’inquiète le plus, c’est quand je regarde le sondage que nous avons fait auprès des professionnels. A la question : « Avez-vous été touché l’année dernière par des aléas climatiques (sécheresse, canicule, incendie) ? Près des deux tiers des opérateurs nous répondent oui. Idem à la question : « Pensez-vous que vous serez impacté dans les années à venir ? » L’inquiétude est majeure, notamment en ce qui concerne ce que j’appelle les excès climatiques qui affectent davantage notre région.
Avec des disparités notables importantes en Occitanie ?
Oui, la partie méditerranéenne est plus impactée que celle côté Massif central. Nous sommes la région la plus méridionale, avec ses atouts comme l’ensoleillement mais aussi ses faiblesses : la sécheresse. Surtout si l’on ajoute la pénurie de main-d’œuvre qui risque de contraindre de nombreux opérateurs à ouvrir en mode dégradé.
Qu’est-ce qui devrait être fait ?
Nos organismes vont devoir muter profondément. Sur les enjeux du tourisme durable pour que les entreprises s’adaptent à consommer moins d’eau, moins d’énergie. On voit de plus en plus d’initiatives vertueuses émerger. Et peut-être d’organiser le tourisme autrement. Par exemple, en réorganisant l’horaire des vacances d’été.
Est-ce la fin du tourisme de masse ?
Je n’aime pas ce terme qui inclut le mépris de classe. J’entends parler de « surtourisme » tous les jours et c’est assez douloureux. Qui se plaint qu’il y ait beaucoup de monde à Cannes pendant le festival ou à Monaco le jour du Grand Prix ? Il n’y a pas de station mieux équipée que La Grande-Motte pour accueillir 100 000 personnes par jour pendant l’été.
Y a-t-il des raisons d’espérer ?
Le soleil se vendait, c’est plus compliqué aujourd’hui. Mais il y a lieu de profiter de cette situation si nous entamons la transformation de notre économie touristique plus rapidement que les autres. Regardez ce qui se fait en Occitanie autour de la mobilité, on est loin devant le rail. On peut s’engager auprès des labels à être vertueux dans la gestion de nos hébergements, de nos piscines… Il y a un appétit et une culture peut-être plus forts en Occitanie sans nier que la région est une destination prisée. Nous n’avons aucun intérêt à reproduire le modèle de la Côte d’Azur ou celui de la Normandie. Soyons les premiers à muter en avantage concurrentiel.