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Le quartier de Rivière-Salée, au nord de la commune de Nouméa, a été le théâtre d’une opération policière vendredi.
La situation reste extrêmement tendue en Nouvelle-Calédonie. Un peu plus de deux semaines après le début des émeutes suite au vote de l’Assemblée nationale sur le dégel du corps électoral, les opérations des gendarmes et des policiers se poursuivent. Une opération de police, qui a mobilisé 400 policiers, a été menée vendredi 31 mai. « avec succès » dans le dernier quartier de la ville de Nouméa qui n’était pas encore passé sous le contrôle de la police, a annoncé Gérald Darmanin.
Le ministre de l’Intérieur a annoncé «l’arrestation de 12 individus et la suppression de 26 barrages routiers » : ce quartier de Rivière-Salée, au nord de la commune de Nouméa, a été bloqué par « de nombreux barrages routiers tenus par des individus dangereux », selon les forces de l’ordre. Preuve de cette tension extrême entre émeutiers et habitants : une scène violente, dont a été témoin Franceinfo.
Sur ce barrage tenu par les habitants de Rivière-Salée afin de se protéger des émeutiers, tout le monde scrute le déroulement de l’opération menée par la police, dans le bruit de l’hélicoptère de l’armée. l’air et les explosions des grenades de désencerclement tirées en continu. Pendant que les chars de la gendarmerie poursuivaient leur ronde dans le quartier, les envoyés spéciaux de franceinfo ont pu apercevoir trois jeunes hommes réinstaller les barrages… qui venaient d’être démantelés.
Immédiatement, les véhicules blindés se sont rapprochés. Les émeutiers ont alors voulu faire demi-tour et ont tenté de passer devant ce barrage tenu par leurs voisins. Plusieurs hommes et femmes les entouraient, les insultaient, dans un brouhaha général. « N’allez pas par là ! Ça va être fou », peut être entendu en écho. L’un des trois « barrages routiers« , comme on les appelle ici, a reçu un coup au visage dans ce qui aurait vite pu dégénérer en lynchage. C’est l’arrivée de blindés et de policiers mobiles qui ont empêché le drame, en arrêtant l’un des émeutiers. Les deux autres ont fui vers les hauteurs.
« Opération de gendarmerie en cours, rentrez chez vous « , crie un responsable. Dans son jardin, Joe, casque militaire sur la tête, confirme qu’un drame a été évité de peu.
« Ce sont les mêmes qui sont venus voler les maisons, les mêmes qui ont dressé les barrages routiers. Nous n’avons pas dormi depuis trois semaines, nous avons dû surveiller nos maisons et nous en avons marre !
Joe, un habitant du quartier Rivière-Salée de Nouméasur franceinfo
Selon lui, cette violence avec des battes de baseball n’est qu’une réponse : « Nous sommes fatigués de nous laisser faire. C’est ce qu’ils ont fait aussi aux civils qui passaient par là. Ils ont voulu frapper une dame chez elle, avant de menacer de la brûler vive pour lui voler les clés de sa voiture.« , dit Joe.
A voir ces gendarmes mobiles, cuirassés casqués, avec boucliers, appuyés par des véhicules blindés légers, « ça veut dire que nous avons enfin été entendus« , murmure cet habitant. « Nous avons eu l’impression d’être abandonnés par la police. Lorsque nous appelons, ils nous disent qu’ils ne peuvent rien faire. Si la maison est en feu, ils disent : ‘Protégez-vous, attendez sur la route’… Et là, ils reprennent un peu le contrôle« , souligne Joe, qui observe l’opération de sécurisation de sa rue. Il dit désormais espérer que la police restera dans son quartier au moins jusqu’à la fin du week-end.
Sur un barrage de Nouméa, un lynchage a été évité de justesse entre émeutiers et habitants. Le rapport de Sandrine Etoa-Andegue