En Normandie, les salariés d’ExxonMobil défendent leur emploi
Site Seveso oblige, malgré la grève, les voitures continuent de franchir les grilles bleues. A 6 heures, puis à 14 heures, et enfin à 22 heures, c’est le basculement pour assurer la sécurité du gigantesque complexe pétrochimique d’ExxonMobil, dédale de canalisations et de cheminées, à Port-Jérôme-sur-Seine – le nom de la nouvelle commune englobant celle de Notre-Dame-de-Gravenchon, en Seine-Maritime.
Mais depuis fin mai, à l’initiative de FO et de la CGT, plus aucun produit ne sort du vapocraqueur, l’installation clé du site pour la transformation du pétrole en plastique, vieille d’un demi-siècle. Des banderoles à l’entrée rappellent les revendications de l’intersyndicale – qui regroupe aussi la CFE-CGC et la CFDT : « Non à la fermeture », « La chimie doit vivre ».
Le 11 avril, le groupe américain ExxonMobil a annoncé son plan pour 2025 : fermer une grande partie de ses activités pétrochimiques en Normandie, tout en conservant, sur la même plateforme, sa raffinerie, en activité depuis 1933. La filiale ExxonMobil Chemical France, souffrant de la concurrence des États-Unis et de l’Asie, est « près d’un milliard d’euros » des pertes sur les cinq dernières années, précise le groupe. A l’inverse, la filiale Esso, celle du raffinage, réalise plus d’un milliard d’euros de bénéfices, selon nos informations.
Au départ, il était question de supprimer 677 postes, dont 30 à Nanterre, au siège, en région parisienne. Après huit rounds de négociations avec les représentants du personnel, la direction a désormais 659 postes dans son viseur. Cela impliquerait aussi des réductions d’effectifs dans la raffinerie – certains services, comme la maintenance et l’informatique, sont mutualisés.
« Nous sommes face à un mur »
Pour les syndicats, le problème demeure. Le numéro un du pétrole aux Etats-Unis (36 milliards de dollars de bénéfices dans le monde en 2023, soit 33 milliards d’euros) s’apprête toujours à supprimer environ un tiers des emplois sur son site de Normandie. « Nous sommes face à un mur »estime Pierre-Antoine Auger, délégué syndical de FO, l’organisation majoritaire. Et ce, sans trop de bruit, en plein été, pendant les Jeux olympiques de Paris. « Au niveau médiatique, on a l’impression d’être relégués à la deuxième place, voire à la troisième place »ajoute le représentant du personnel, sous la tente faisant office de piquet de grève, sur le parking visiteurs.
« La direction d’Exxon nous traite avec une brutalité que nous n’aurions pas pu imaginer »insiste Germinal Lancelin, secrétaire de la CGT pour les unités pétrochimiques. Contactée, l’entreprise reconnaît « un contexte parfois tendu mais dans le respect du dialogue social ».
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