En Normandie, des touristes sont venus honorer les « anges gardiens » du Débarquement
Appareil photo ou téléphone à la main, la foule a les yeux rivés vers le ciel. Des centaines de touristes venus honorer la mémoire des soldats ou découvrir leur histoire ont vu débarquer des parachutistes mercredi à Sainte-Mère-Eglise (Manche), 80 ans après le Débarquement.
Assise sur une chaise de camping, face à l’église au clocher de laquelle le soldat John Steele était accroché dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, Amy Shaw applaudit des deux mains.
Cette Anglaise de 46 ans, casquette kaki avec logo » Jour J « sur la tête, a fait le voyage avec son mari et quelques amis. Dans un camping-car, ces « passionnés d’histoire » sillonnent pour la première fois les côtes normandes, de plages en musées et de musées en villes libérées par les alliés.
A la veille de l’anniversaire officiel, le centre-ville de Sainte-Mère-Eglise est bondé de monde, parcouru par des touristes de tous âges, des jeeps camouflées et « GI » en uniforme.
Une quarantaine de vétérans américains, poussés en fauteuil roulant par de jeunes soldats, ont été accueillis dans l’après-midi par des applaudissements, des sifflets et des remerciements. Une haie d’honneur salua leur départ.
« Ce sont nos anges gardiens »sourit Amy Shaw.
A l’entrée de la ville, les visiteurs peuvent déambuler dans les « Camp Géronimo » parmi les tentes, les chars et les voitures anciennes. Certains prennent la pose, « V » victoire entre les doigts.
« Préserver la mémoire est essentiel. Les années passent mais les commémorations doivent rester”, raconte Marie-Christine Lemoigne, 58 ans, qui visite le camp avec sa petite-fille de six ans. Habitant près de Cherbourg, elle emmenait ses enfants « découvrir l’histoire » au même âge.
« Difficile à imaginer »
A quelques kilomètres de là, voitures, vélos et même kayaks affluent vers Omaha Beach.
Drapeau américain planté dans leur sac à dos, un groupe de trentenaires originaires de l’Ohio posent devant ce qu’ils appellent « la plage des héros ». Ils passent quatre jours en Normandie après avoir découvert Paris.
« Je suis là pour célébrer le jour J mais aussi pour apprendre. Évidemment, quand on regarde la mer bleue, le soleil, il est difficile d’imaginer l’horrible bataille qui a eu lieu. »» raconte Michael, 32 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.
Leur prochaine étape sera le cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Face à l’océan, au-dessus d’Omaha Beach, 9 388 tombeaux blancs y sont alignés.
Ci-dessous, Igor Oriović dépose une gerbe de fleurs près du sable en mémoire de ses compatriotes croates enrôlés dans l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. 75 d’entre eux sont morts sur les plages normandes, raconte ce policier à la retraite, en uniforme de GI.
Son ami, également en uniforme militaire, a ajouté un drapeau croate à ses insignes.
Sur les routes environnantes, camping-cars et bus touristiques filent derrière les jeeps. Dans les villages, les maisons arborent à leurs fenêtres des drapeaux américains, britanniques et canadiens.
A proximité des camps de reconstitution, des stands proposent des uniformes militaires, des casquettes souvenirs et des plaques marquées Omaha ou Utah Beach.
Dans 20 ans, « Le nombre de visites liées au tourisme de mémoire a doublé »selon une étude publiée en 2023 par la région Normandie. « De très forts pics de fréquentation s’observent naturellement lors des dixièmes anniversaires. »
Ce public, âgé en moyenne de 53 ans, comprend 58% de Français, selon cette étude. Les étrangers viennent principalement des Pays-Bas, suivis de la Belgique, du Royaume-Uni et de l’Irlande, de l’Allemagne et des États-Unis.