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En Namibie, des élections incertaines pour le parti historique au pouvoir

Depuis 7 heures du matin, la Namibie est appelée aux urnes mercredi 27 novembre, lors d’un double scrutin, à la fois présidentiel et législatif, à l’enjeu important. Il s’agit des élections les plus incertaines qu’ait connues le parti historique au pouvoir, la South West African People’s Organisation (Swapo, socialiste), alors que bien que favori, son candidat, l’actuel vice-président Netumbo Nandi-Ndaitwah, pourrait être contraint à un second tour inédit.

La candidate de 72 ans, qui pourrait devenir la première femme présidente du pays, affronte aux urnes l’ancienne dentiste et avocate Panduleni Itula, qui a fondé, en 2020, son propre parti, le Parti des patriotes indépendants (IPC). Les urnes, bleues pour la présidentielle, jaunes pour les législatives, doivent être remplies jusqu’à 21 heures, en fonction des votes du million et demi d’électeurs inscrits. Le décompte est attendu au plus tard samedi, selon la Commission électorale.

Surnommé « NNN », le candidat de la Swapo, figure de la lutte de libération, a voté dès l’ouverture, au bureau de vote de l’école Emma Hoogenhout de Windhoek, la capitale. « En votant, vous vous assurez que votre voix soit entendue et ait un impact sur votre vie pour les cinq prochaines années »a lancé le vice-président, avant d’ajouter : « Alors venez voter en nombre. » Dissident de la Swapo, Panduleni Itula, âgé de 67 ans, a remporté 29,4 % des voix lors de la précédente élection présidentielle, sans parti sur lequel s’appuyer. Le président Hage Geingob, décédé en février 2024, a ensuite été réélu avec 56 % des voix.

Deuxième pays le plus inégalitaire au monde

Chômage massif, inégalités persistantes et renouvellement générationnel ont érodé le soutien à la Swapo dans ce territoire désertique d’Afrique australe, l’un des principaux fournisseurs mondiaux d’uranium. Après trois décennies de règne du mouvement d’inspiration marxiste, la Namibie reste, après l’Afrique du Sud, le deuxième pays le plus inégalitaire de la planète, selon la Banque mondiale.

« L’activité minière abondante ne se traduit pas vraiment » par « opportunités d’emploi »observe l’analyste indépendante Marisa Lourenço. Quoi « alimente une grande partie de la frustration des jeunes » Des Namibiens, dont 46% des 18-34 ans étaient au chômage en 2018, selon les derniers chiffres.

Lors des élections nationales et présidentielles à Windhoek, en Namibie, le 27 novembre 2024.

Un vent de changement souffle d’ailleurs depuis plusieurs mois sur le sud du continent africain. Au lendemain de l’échec électoral de l’ANC en Afrique du Sud, privé de sa majorité absolue, le BDP, au pouvoir depuis 1966 au Botswana, a été balayé. Le Swapo, qui s’est battu pour l’indépendance du pays, sous le joug de l’apartheid sud-africain jusqu’en 1990, craint le même sort que ses partis frères de la région.

Ces partis n’ont plus le même attrait parmi né libreces jeunes nés après la libération de leur pays. Comme le reste du continent, la Namibie a une population jeune : 63 % de ses 3 millions d’habitants ont moins de 30 ans. « Ce n’est pas seulement qu’ils sont jeunes et n’ont pas connu la libération, c’est aussi qu’ils subissent de plein fouet les effets de la crise économique »observe Nic Cheeseman, spécialiste de la politique africaine à l’université de Birmingham.

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« Les élections portent désormais sur des questions fondamentales de subsistance »analyse de l’Agence France-Presse Tendai Mbanje, chercheur au Centre africain pour la gouvernance. C’est pourquoi « NNN » promet dans son programme la création de plus de 250 000 emplois en cinq ans. Mais Mmoi Nandi-Ndaitwah a prévenu dimanche lors de sa dernière réunion que « Le monde des affaires ne peut prospérer que si la politique est stable ».

Alors que les élections législatives se déroulent au scrutin proportionnel, un second tour lors de l’élection présidentielle est, pour la première fois, un « option assez réaliste »selon Henning Melber, chercheur au Nordic Africa Institute d’Uppsala (Suède). Celui-ci doit avoir lieu au plus tard dans les soixante jours suivant l’annonce des résultats définitifs, selon la loi électorale.

« Je veux que le pays s’améliore et que les gens aient du travail »a déclaré à l’Agence France-Presse Hendry Amupanda, 32 ans et premier d’une file d’une centaine d’électeurs attendant devant les portails jaunes du même bureau de vote à Windhoek. En chaussons, cet entrepreneur numérique indépendant est arrivé la veille à 21 heures, équipé d’une chaise, d’une couverture et de collations. Plus loin dans la file d’attente, baignée par les premiers rayons de soleil sur le bassin de Windhoek, Frieda Fillipus espère voir un « femme présidente ». « Le féminin représente l’avenir »selon cet ouvrier de 31 ans du secteur minier.

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Le Monde avec l’AFP

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Cammile Bussière

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