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en Moldavie, les prunes incarnent le succès du passage à l’UE

Auparavant orientée vers la Russie, l’économie moldave s’est bifurquée vers l’Union européenne. Le petit pays d’Europe de l’Est est notamment devenu le premier exportateur de prunes vers l’UE.

Les caisses de prunes s’amoncellent, direction l’Allemagne : après des années de commerce tumultueux avec la Russie, Stefan Bitlan se tourne vers l’Union européenne en 2014. Alors que son pays vote sur son avenir, cet agriculteur moldave ne regrette pas son pari. « C’était une décision difficile mais oui, nous avons choisi notre camp », a-t-il déclaré à l’AFP, alors qu’il inspectait la cargaison dans son entrepôt de Drasliceni (centre), à ​​une demi-heure de route de la capitale Chisinau.

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Il n’hésitera pas dimanche, jour du référendum pour les Moldaves, appelés à voter pour ou contre l’inscription de l’objectif européen dans la Constitution. La présidente Maia Sandu, qui brigue également sa réélection, espère une grande victoire des opinions pro-européennes. Et a fait de la prune un argument de campagne, symbolisant la réussite du tournant vers l’ouest de cette ancienne république soviétique. Élu en 2020, le dirigeant a rompu les liens avec Moscou après l’invasion de l’Ukraine voisine et a fait de l’adhésion à l’UE une question vitale.

« Le meilleur au monde »

Même si les négociations avec Bruxelles n’ont été officiellement ouvertes que l’année dernière, les liens économiques se sont déjà renforcés. Notamment en juillet 2022, lorsque les droits de douane ont été suspendus sur sept produits agricoles, dont les prunes. Ainsi, en 2023, la Moldavie est devenue le premier exportateur vers l’UE de ces petits fruits à la chair juteuse et sucrée.

Sur les 150 000 tonnes récoltées dans le pays, 60 000 tonnes ont été vendues aux Vingt-Sept, soit un quart du total vendu sur les rayons européens, rapportant 35 millions d’euros aux agriculteurs moldaves. Dégustées fraîches, sèches ou farcies aux noix, les prunes moldaves sont « les meilleures du monde », vantait en début d’année le Premier ministre Dorin Recean. Longtemps réservés au marché russe, ils sont aussi désormais « les champions héroïques » d’un pays en pleine mutation, selon les mots de l’économiste Veaceslav Ionita, interrogé par l’AFP.

Avec ses 40 hectares de terres et la production qu’il achète à ses collègues, Stefan Bitlan dirige, à 35 ans, l’une des plus grandes entreprises d’exportation du pays de 2,6 millions d’habitants. Elle traite plus de 10 % du total des expéditions de prunes vers l’UE. Après « les défis » du début liés à la « bureaucratie » et aux nouvelles normes à respecter, il vante la « stabilité » et la « qualité » européennes en contraste avec « les heures sombres », où la Russie multipliait les embargos et les restrictions en réaction à l’accord de Chisinau. décision de se rapprocher de Bruxelles.

L’UE est la promesse d’un « avenir plus prospère », selon cet agriculteur dont les revenus ont été multipliés par dix en cinq ans. « Nous pouvons dire merci à Poutine », ironise l’économiste Veaceslav Ionita, en référence aux représailles du président russe qui ont poussé la Moldavie à diversifier ses débouchés. Elle exporte désormais ses fruits vers 50 pays, dans l’espoir de « sortir de la pauvreté » et d’endiguer un exode qui a dévasté son économie.

Deux tiers des exportations

Tous secteurs confondus, aujourd’hui les deux tiers des exportations moldaves sont destinées à l’UE. Et les chefs d’entreprise sont largement convaincus des bénéfices de l’intégration européenne, selon une étude récente. A l’inverse, la part russe est tombée à 3,6% l’année dernière, contre plus de 60% à la fin des années 1990, peu après l’indépendance de la Moldavie, a indiqué l’expert.

De quoi déplaire aux partis pro-russes, dont les partisans ont manifesté en septembre devant le ministère de l’Agriculture pour réclamer une reconnexion avec Moscou. Dans un cercueil rempli de choux, de raisins et de pommes, ils ont prévenu de la mort imminente de l’agriculture moldave si la tendance actuelle se poursuivait. Mais pour l’association nationale des maraîchers Moldavie Fruct, il n’y a pas de retour en arrière possible. «Nous voulons devenir le verger de l’Union européenne», s’enthousiasme son directeur Iurie Fala.

Cammile Bussière

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