En Moldavie, le référendum sur l’UE connaît une issue (très) serrée après l’ingérence russe
DANIEL MIHAILESCU / AFP
Deux femmes votent lors des élections présidentielles et du référendum sur l’adhésion à l’Union européenne, dans un bureau de vote du village de Hirbovat, le 20 octobre 2024.
INTERNATIONAL – Un vote crucial pour l’avenir de l’UE. Les Moldaves ont créé la surprise ce dimanche 20 octobre en choisissant beaucoup plus de « non » que prévu lors d’un référendum sur le principe de l’adhésion à l’Union européenne (UE). Selon les résultats partiels, le « oui » et le « non » sont au coude-à-coude ce lundi matin, avec un léger avantage (50,08%) pour le vote favorable, selon les chiffres de la Commission électorale centrale. Ce résultat représente un revers important pour la présidente sortante Maia Sandu.
« La Moldavie est confrontée aujourd’hui et ces derniers mois à une attaque sans précédent contre la liberté et la démocratie de notre pays »» a déclaré le chef de l’Etat après les premiers résultats. « Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays avec des dizaines de millions d’euros, des mensonges et de la propagande »a-t-elle dénoncé à la presse, le visage sérieux.
En effet, cette élection a été éclipsée par des accusations d’ingérence russe, » catégoriquement » rejeté par le Kremlin. Entre opérations de corruption et de désinformation, la police a mené ces derniers mois 350 perquisitions et procédé à des centaines d’arrestations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral au nom de Moscou.
Un système massif d’achat de voix a été révélé, ciblant jusqu’à un quart des électeurs attendus aux urnes dans ce pays de 2,6 millions d’habitants. Selon le groupe de réflexion WatchDog, la Russie a dépensé une centaine de millions de dollars pour influencer le vote. Avec, à la manœuvre, l’oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour escroquerie. Sur les réseaux sociaux, il a plaisanté sur « la déroute » par Maia Sandu et elle “ échec lamentable ».
Des résultats qui présagent d’un second tour difficile
Si le » Non » a longtemps dominé la course, le dépouillement des bulletins de la diaspora semble avoir permis d’inverser la tendance à la dernière minute. Après avoir dépouillé plus de 98% des bulletins, le « Oui » était légèrement en avance avec 50,03% des voix. Dans le même temps, le candidat de 52 ans est arrivé premier au premier tour de l’élection présidentielle avec 38% des voix. Le 3 novembre, elle affrontera Alexandr Stoianoglo, un ancien procureur de 57 ans soutenu par les socialistes prorusses, qui a fait mieux que prévu avec près de 29 % des voix.
Maia Sandu, qui a tourné le dos à Moscou après l’invasion de l’Ukraine voisine et porté la candidature de son pays à Bruxelles, avait convoqué ce référendum pour valider sa stratégie. Mais son pari semble avoir échoué. Car même si le « Oui « remporte finalement de justesse ce résultat, sans remettre en cause les négociations avec les Vingt-Sept », affaiblit d’une manière ou d’une autre l’image pro-européenne de la population et du leadership de Maia Sandu”commente le politologue français Florent Parmentier, spécialiste de la région.
Première femme à occuper les plus hautes fonctions en 2020, cette ancienne économiste de la Banque mondiale à la réputation d’incorruptible est devenue en quatre ans une personnalité européenne de premier plan. Dans un environnement géopolitique compliqué, avec une Ukraine en guerre et une Géorgie accusée de dérive autoritaire pro-russe, la Moldavie a donné de l’espoir à Bruxelles, souligne l’expert. Cependant, après ce revers, une victoire de Maia Sandu au second tour est loin d’être assurée.
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