En manque de soldats, l’Ukraine durcit la mobilisation militaire
Confrontée à de multiples attaques terrestres sur la ligne de front, l’Ukraine, qui souffre désormais d’une pénurie de soldats volontaires, a finalement adopté une nouvelle loi sur la mobilisation, après des mois de débats houleux au sein d’une société meurtrie par deux ans d’invasion russe. » C’est fait !! La loi sur la mobilisation est adoptée. 283 (les députés ont voté) pour », s’est félicité le député Oleksiï Goncharenko sur Telegram. Le président de la Rada, le parlement monocaméral, doit maintenant la remettre à Volodymyr Zelensky pour promulgation afin qu’elle entre en vigueur.
Sanctions renforcées
Ce texte, qui alourdit notamment les sanctions contre ceux qui résistent, a fait scandale en raison de la suppression de dernière minute d’une clause prévoyant la démobilisation des militaires ayant servi 36 mois, un coup dur pour les militaires présents sur le front depuis plus de de deux ans.
Il y a des soldats qui ne sont pas rentrés chez eux depuis un an. C’est très injuste.
Cette décision a donc immédiatement suscité une polémique, d’autant que le système d’enrôlement actuel est considéré par de nombreux Ukrainiens comme injuste, inefficace et souvent corrompu. « 99% des hommes veulent se reposer », explique Yevguén, un parachutiste de 39 ans basé dans la région orientale de Donetsk. « Il y a des militaires qui ne sont pas rentrés chez eux depuis un an. C’est très injuste.
Au lieu de cela, le gouvernement sera bientôt chargé de rédiger un autre projet de loi visant à « améliorer les mécanismes de rotation du personnel militaire ». Pour Volodymyr Zelensky, l’important, disait-il récemment, est de ne pas perdre ses compétences militaires lorsque les soldats engagés sur le front depuis des mois sont remplacés par de nouveaux arrivants.
L’âge de mobilisation passe de 27 à 25 ans
Il n’en demeure pas moins que l’armée ukrainienne, fragilisée par une contre-offensive avortée à l’été 2023 et des aides occidentales qui s’épuisent, doit renouveler ses troupes, déjà en sous-effectif face à une armée russe qui fait le plein de volontaires. et fort. d’une économie tournée vers l’effort de guerre. A cette fin, Zelensky avait déjà approuvé début avril l’abaissement de l’âge de mobilisation de 27 à 25 ans.
Le recrutement de l’armée russe en hausse, selon Moscou
Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir observé une « augmentation significative » des recrutements depuis l’attentat meurtrier du 22 mars contre une salle de concert près de Moscou, assurant que ces nouvelles recrues voulaient « venger » les victimes. Les autorités russes, dirigées par Vladimir Poutine, persistent à établir un lien entre l’Ukraine et l’attentat, même si Kiev rejette ces accusations.
« Au total, environ 16.000 citoyens ont signé des contrats pour participer à l’opération militaire spéciale au cours des dix derniers jours », a indiqué le ministère dans un communiqué publié sur Telegram, utilisant l’euphémisme imposé par le Kremlin pour qualifier l’offensive en Ukraine. Depuis le début de l’année, « plus de 100 000 personnes se sont déjà inscrites sous contrat dans les forces armées », ajoute le ministère.
La campagne de recrutement s’effectue en continu via les réseaux sociaux et notamment grâce à des affiches dans les rues, pour promouvoir l’armée et promettre des conditions particulièrement attractives aux futurs militaires. Fin décembre, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a fixé l’objectif d’« augmenter le nombre de soldats sous contrat » à « 745 000 personnes » d’ici fin 2024 pour un total de 1,5 million de soldats.
Parallèlement, la Russie a lancé lundi sa campagne de conscription militaire de printemps, qui concerne des dizaines de milliers de jeunes âgés de 18 à 30 ans. L’armée assure que ces nouvelles recrues ne seront pas envoyées en Ukraine mais que la campagne, organisée deux fois par an, cette année, intervient à un moment où de nombreux Russes craignent une nouvelle mobilisation.