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En Libye, les mouvements de troupes du maréchal Haftar ravivent le spectre de la guerre civile

Le maréchal Khalifa Haftar à Benghazi en décembre 2020.

Les soldats du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est de la Libye, se dirigent vers les zones du sud-ouest contrôlées par le gouvernement rival de Tripoli, reconnu par les Nations unies, ravivant le spectre de la guerre civile quatre ans après un cessez-le-feu. « Le chef d’état-major adjoint (…) « Il a ordonné aux unités de l’armée d’être en état d’alerte et prêtes à repousser toute attaque possible. » Dans le Sud-Ouest, une source de l’état-major des forces du « gouvernement d’union nationale » (GNA) a annoncé à la chaîne Libya Al-Ahrar. La chaîne privée avait rapporté mercredi 7 août que les forces pro-Haftar « nous nous dirigions vers le sud-ouest » Libyen, sans donner plus de détails.

Minée par des violences fratricides et des divisions depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux : l’un à Tripoli, à l’Ouest, dirigé par Abdel Hamid Dbeibah ; l’autre à l’Est, incarné par le Parlement et affilié au maréchal Haftar, dont le bastion est à Benghazi.

Khalifa Haftar, avec le soutien militaire d’alliés étrangers (Russie, Égypte et Émirats arabes unis), a lancé d’avril 2019 à juin 2020 une offensive brutale pour s’emparer de Tripoli. Il a été stoppé in extremis aux abords de la capitale par les forces du GNA, soutenues par la Turquie. Même si les querelles politiques persistent et dégénèrent fréquemment en affrontements meurtriers entre groupes armés, le cessez-le-feu, signé en octobre 2020 après le revers des troupes du maréchal Haftar, est largement respecté.

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Jeudi, le Haut Conseil d’État (HCE), basé à Tripoli et qui fait office de Sénat, a déclaré « suivons avec une grande inquiétude les mobilisations militaires des forces de Haftar dans le Sud-Ouest au cours des deux derniers jours, visant clairement à renforcer son influence et à étendre son contrôle sur des zones stratégiques partagées avec nos voisins ». « Ces mouvements (des troupes) « sont susceptibles de nous pousser à nouveau dans un conflit armé et constituent une menace directe pour le cessez-le-feu. » de 2020, sapant tout « effort pour réunifier l’institution militaire » et causant « l’effondrement du processus politique »a ajouté le HCE dans un communiqué.

Zone stratégique

Pour Emadeddin Badi, expert de la Libye au Conseil de l’Atlantique, « La Libye occidentale est aujourd’hui plongée dans une grande agitation dans un contexte de mobilisation (forces) L’attaque de Haftar, considérée par certains comme un prélude à une éventuelle offensive sur Tripoli »Selon d’autres analystes et médias locaux, l’objectif de cette mobilisation est la prise de l’aéroport de Ghadamès, à 650 kilomètres au sud-ouest de Tripoli, actuellement sous le contrôle du GNA. La prise par les forces pro-Haftar de Ghadamès, une zone stratégique à l’intersection des frontières de la Libye avec l’Algérie et la Tunisie, « marquerait la rupture du cessez-le-feu de 2020 »M. Badi a déclaré sur le réseau social X.

Le contrôle de Ghadamès aurait « plusieurs avantages » pour le camp Haftar : « Empêcher tout mouvement des partisans (par Abdel Hamid) Dbeibah au sud, isoler Dbeibah et se retirer vers Imad Trabelsi (son ministre de l’Intérieur) le bien précieux » contrôle de cette zone frontalière, analyse pour l’AFP Jalel Harchaoui, chercheur associé à l’institut britannique Royal United Services. Les forces de Haftar « je convoite depuis plusieurs années » L’aéroport de Ghadamès et ses environs, car son contrôle « renforcerait considérablement la position territoriale de Haftar vis-à-vis de l’Algérie, de la Tunisie et du Niger »selon M. Harchaoui. Le camp de l’Est aurait ainsi le contrôle de tout le Sud, d’est en ouest.

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Les forces dirigées par Saddam Haftar, fils du maréchal Haftar, ont annoncé mardi dans un communiqué une « opération globale » visant officiellement à « sécuriser les frontières sud du pays et renforcer la stabilité du pays dans ces zones stratégiques »ainsi que le « déploiement de patrouilles (…) « surveiller la bande frontalière avec les pays voisins »La Libye est bordée par le Soudan au sud-est, le Tchad au sud, le Niger au sud-ouest, l’Algérie à l’ouest et la Tunisie au nord-ouest.

Le Monde avec l’AFP

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Eleon Lass

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